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1 juin 2017 4 01 /06 /juin /2017 11:10

Lettre ouverte à mes ami(e)s de gauche,

Séguéla a dit « si à 50 ans tu n’as pas une rolex tu as raté ta vie », je n’ai pas les mêmes valeurs que lui, et à 50 ans, ayant un certain vécu militant (même si je n’ai pas une montre de valeur) je m’autorise à dire un certain nombre de choses. Voilà pourquoi je vous écris aujourd’hui. D’abord vous dire que le Cellier qui se présente dans la circonscription où je vis n’a ni lien familial ni lien politique avec moi et que la candidate que je soutiens sans restriction c’est Léa Comushian qui est présentée par le PCF. Cette parenthèse étant refermée je vous donne les raisons de cette prise de position publique. Je suis très en colère et suis inquiet pour l’avenir de ce territoire.

Aujourd’hui le député sortant Patrice Prat ne se représente pas. Il est coutumier de féliciter les gens quand ils sont morts ou quand ils s’en vont. Ceux qui me connaissent savent que j’ai fait deux mandats municipaux à Laudun l’Ardoise comme opposant de gauche à Patrice Prat. Au début des années 90, il y a plus de vingt ans Patrice Prat représentait un courant du Parti socialiste où l’on trouvait dans le département du Gard, Claude Pradille et Gilbert Baumet. A ce moment-là la ligne politique à laquelle j’appartenais ne pouvait le soutenir même si à titre personnel j’avais partagé les bancs du collège et du lycée avec Patrice. Heureusement et contrairement à la trajectoire habituelle, Patrice Prat est passé de l’aile droite du PS à l’aile gauche revenant à ses origines familiales ouvrières. Nous avons donc eu des différents politiques mais je sais reconnaître que sa prise de distance avec la gestion Hollande/Valls est à mettre à son crédit. C’est pourquoi aujourd’hui je regrette son retrait.

Pourquoi revenir à des histoires qui remontent à plusieurs décennies ? Tout simplement parce qu’elles éclairent le présent. La Gauche doit être de gauche, certains au PS l’ont oublié ou pire n’y ont jamais cru (DSK, Moscovici, Valls). Les électeurs qui croient à des valeurs de gauche doivent le comprendre. Le catastrophique mandat Hollande a plombé toute la gauche et a empêché toute marge de manœuvre à Hamon.

Je n’appartiens pas à ce courant de pensée puisque je suis communiste mais avec mes camarades je suis unitaire et j’ai toujours été favorable à un travail dans l’intérêt des gens si la ligne politique est claire. On ne peut se contenter d’être seulement dans la posture protestataire et forcément minoritaire donc impuissante. Ce n’est pas se renier c’est être utile aux gens.

Je disais en introduction que j’étais en colère car je vois bien vers quelle catastrophe on se dirige et ne peux m’y résoudre. Je fus de tous les combats contre l’extrême droite sur ce secteur : manifestation quand la droite de Jacques Blanc s’était alliée à la Région avec le FN, quand le FN siégeait au lycée de Bagnols, quand le FN a été mis en tête dans le Gard à la présidence de 2012 j’ai été à l’origine d’un livre sur la situation gardoise (Alexis Corbière en étant un des co-auteurs). Je m’insurge aujourd’hui des postures  de certains républicains qui feignent de ne pas voir la situation. Avec mes amis politiques -les communistes- j’ai essayé de convaincre sur les besoins d’unité. Le sectarisme, les petits intérêts individuels, les égos, les luttes entre certaines personnalités locales, les ambitions de notables ont fait échouer ce projet. On ne peut que le regretter. Nous ne porterons aucune responsabilité dans le scénario possible qui s’écrit. Par contre me taire serait une erreur.

A partir de 2004, 2005 nous avons travaillé à un rassemblement clairement à gauche. Lors du référendum sur le Traité Constitutionnel Européen, nous avions su nous réunir. J’étais moi-même au milieu de 5000 personnes le 21 mai 2005 à Montpellier pour écouter les partisans du « non de gauche au TCE ». Ce soir-là se sont succédés sur l’estrade Olivier Besancenot (LCR), José Bové (via campesina), Marie-Georges Buffet (PCF) et Jean-Luc Mélenchon (sénateur PS de l’Essonne). Comme les autres j’étais heureux de ce regroupement qui augurait de possibles avancées. Ce fut la première fois que j’ai rencontré physiquement Jean-Luc Mélenchon. Personnellement j’avais déjà voté (comme mes camarades) non au traité de Maastricht en 1992, j’aurais pu avoir le cynisme de faire remarquer à Jean-Luc qu’il se réveillait tardivement. Il n’en fut rien. Une association dont je suis adhérent lui avait demandé une entrevue sur la question des langues régionales. Etaient présents deux universitaires Marie-Jeanne Verny et Philippe Martel mais aussi Denise Daniel (institutrice) et moi-même. Je ne vous cache pas que j’avais été déçu de sa vision de ce dossier qui était caricaturale et méprisante. C’était la première fois que je le rencontrais ; ce fut une douche froide. Ceci ne n’empêcha pas de le soutenir par la suite dans le Front de Gauche, comme je fus un soutien militant actif de tous les candidats que présenta le Parti de Gauche au nom du Front de Gauche dans mon secteur. Mélenchon (deux fois aux présidentielles 2012-2017), Mélenchon aux Européennes (sur notre circonscription sud-ouest), René Revol (à la Région LR), Charles Ménard aux législatives de 2012, Marie-Pierre Vaselli (sur le canton de Roquemaure en 2011), Luc Rousselot (sur le canton de Roquemaure en 2015), etc. On ne peut pas dire que le PCF n’a pas su s’effacer et laisser de la place pour ses partenaires ! Plusieurs fois encore j’ai eu l’occasion de côtoyer Jean-Luc Mélenchon et notamment de discuter sur la question des langues régionales à la Fête de Lézan (entretien individuel organisé par Charles Ménard), au festival d’Avignon en 2011 sans voir sa position s’infléchir sur ce sujet. En 2011, je me suis même fait montrer du doigt (au sens propre du terme) par Jean-Luc car je faisais des images pour le blog du PCF et qu’il m’avait pris pour un journaliste. J’avais moyennement apprécié ses mauvaises manières. Une autre fois à Nîmes (voir la photo) toujours en reportage pour la communication du PCF j’ai fait des photos avec ses « groupi(e)s », posant moi-même et j’ai pu constater combien il avait un côté rock-star assez en décalage avec l’idée que je me fais de la VIe République !

Après tous ces moments militants, sans arrières pensées de ma part, comme celles de mes camarades investis comme moi dans les combats passés, je vis très mal les insultes et le mépris qui sortent de la bouche de Jean-Luc Mélenchon et/ou de ses soutiens.

Que reste-il de l’esprit des meetings pour le non au TCE ? José Bové pantoufle à la chambre des députés européens où il ne se distingue pas forcément par ses positions. Ceux qui s’étaient pressés sur le Larzac le 11 août 2003 doivent déchanter. Olivier Besancenot a cru, en créant le NPA à partir de la LCR cristalliser autour de lui les mécontentements et les voix. Un parti qui n’a rien capitalisé et a sans doute empêché Mélenchon d’être au second tour des présidentielles 2017. Maintenant c’est au tour de Jean-Luc Mélenchon de jouer une partition solitaire presque identique à celle de Besancenot et qui se terminera de la même façon.

Nous les communistes, on nous fait des reproches mais à chaque fois nous sommes les gardiens de l’unité. A chacune des étapes que je viens de décrire j’ai vu des ami(e)s croire à ces chimères et qui sortent déçus de ces expériences.

F.I. aujourd’hui par ses postures donne raison à la théorie des gauches irréconciliables qui est bien utile pour ceux qui préfèrent s’allier à Macron qu’à la Gauche. A la fin ce sont les petites gens qui en feront les frais. Une gauche seulement protestataire n’a guère d’utilité et devient un allié objectif du capitalisme qu’elle dit combattre. Pire, j’entends et je lis des membres de FI insulter mes camarades avec une rhétorique anticommuniste digne de l’extrême droite. C’est bien cela qui me met en colère, me blesse et me fait dire que certains sont de piètres politiques.

N’insultons pas l’avenir, quand Mélenchon (comme aujourd’hui Bové et Besancenot) sera en retrait et que ses « fans » seront désarçonnés, il y aura toujours des communistes pour leur tendre la main, pour leur ouvrir les bras et construire un front de luttes. Mes ami(e)s, mes camarades, arrêtez de me cracher à la figure ou à celle de la candidate que je soutiens dans la 3e circonscription du Gard car c’est elle qui porte l’espoir d’une gauche utile et constructive. Un scénario catastrophe est en train de s’écrire, je le redoute, cette modeste contribution est une façon de tirer la sonnette d’alarme. Ne nous trompons pas d’adversaires et d’ennemis !

Certains qui nous font la leçon aujourd'hui n'ont pas fait les campagnes pour Mélenchon depuis 2004.

Certains qui nous font la leçon aujourd'hui n'ont pas fait les campagnes pour Mélenchon depuis 2004.

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commentaires

M
Elian, te seguissi a 100 % e soi trista, coma tu.<br /> Te fau mas amistats, MJ
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P
Mrd perdu en ligne
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C
Bonjour Camarade,<br /> <br /> Comme je me retrouve dans ta lettre, depuis des années j'ai beaucoup travaillé pour trouver et garder cette belle unité qui nous avait fait gagner contre le traité Européen. Forcé comme toi de voir à jours après jours, mois après mois et années après années, que l'anticommunisme du PS est tout aussi présent depuis la création du PG et maintenant avec FI. Je suis à la fois triste par pour moi je m'en remettrai, mais triste désabusé et en colère pour le peuple qui attend beaucoup de nous. Je suis depuis quelques jours plus en phase avec cela et j'ai du prendre du recul pour ne pas imploser....Je milite différemment parce que suis communiste et fier de l'être, même si parfois mon camps aussi n'a pas fait ce qu'il fallait. Par contre tu as entièrement raison cela ne donne à personne le droit d'insulter les communistes comme le FI et Mélenchon. Que c'est dommage mais c'est la triste réalité, je suis convaincu que nous serons tjrs là et bien là même dans 70 ans. Que les autres nous prouvent qu'ils sont capable de faire aussi bien, avec certes nos carences et nos défauts, mais tjrs présent sans faille devant le capitalisme et les régressions sociales.
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A
c'est tous ces conflits d’internets ou pas qui fait que la gauche la vraie ne réussi pas à s'encrer mais tout est fait médiatiquement pour que cela arrive aussi , c'est exactement comme dans une entreprise "diviser pour mieux régner" le seul combat est celui de défendre nos valeurs d'une société plus juste plus solidaire, de paix et de liberté et de fraternité entre tous
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