Mais voyons un peu nos voisins :
Course de fond au pays de l'Uzège
Front de gauche . Dans deux cantons à dominante rurale, dans le Gard, les militants mènent une campagne de terrain.Gard, envoyé spécial.
Au nord de Nîmes, le pays de l'Uzège compte 35 000 habitants et comprend deux cantons : Uzès et Remoulins. C'est une zone rurale parsemée de bourgades avec pas mal de constructions neuves en raison de la relative proximité d'Avignon et de Nîmes. Ici, beaucoup de gens se connaissent et la proximité du scrutin destiné à élire des députés au Parlement européen a de quoi provoquer des débats. Surtout que la politique européenne est bien présente dans la vie quotidienne des habitants, qu'il s'agisse de la défense des services publics, de la lutte contre la délocalisation des entreprises ou de la politique agricole commune.
Un débat sur la PAC se tenait à Vallabrix, le 21 mai, avec le maire communiste, Bernard Rieu, et Charles Ménard, membre du Parti de gauche. Plusieurs agriculteurs étaient venus dire leur découragement face à l'incohérence de la PAC et à l'effondrement des prix agricoles. Cette année, les arboriculteurs gardois ont arrêté la cueillette des cerises en milieu de saison. Les prix proposés par les expéditeurs - en négociation permanente avec la grande distribution - ne couvraient plus le coût de la cueillette. 2009 aura été une année de belle récolte après deux ans de rendements médiocres. Mais le bilan économique est aussi mauvais, voire pire. Quand ils cueillent, les producteurs tentent de vendre directement sur le bord des routes et sur les marchés locaux.
Les marchés sont, dans ces deux cantons, les principaux lieux d'échange politique. Mais, curieusement, n'y sont présents que les militants du Front de gauche, communistes à plus de 90 %, et quelques membres du NPA d'Olivier Besancenot. L'UMP est totalement absente, de même que le Parti socialiste. Le Modem et les Verts ne se montrent pas davantage. Même le militantisme électoral du Front national a disparu du paysage politique local.
« Pour le Front de gauche, nous avons engagé la campagne de terrain dès le mois de février. Bien qu'ils fassent la quasi-totalité du travail, les communistes n'ont aucun problème à militer de façon unitaire pour le Front de gauche. Avec les gens, on discute beaucoup sur le sens de cette démarche unitaire », souligne Marcel Leclere, ancien cadre de Renault Billancourt et retraité très actif à Saint-Quentin-la-Poterie.
Jocelyne, son épouse, également très impliquée dans cette campagne, note que l'association ATTAC avait récemment organisé un débat afin de soumettre un questionnaire aux partis démocratiques impliqués dans cette bataille des européennes. Les communistes avaient répondu en nombre dans le cadre du Front de gauche, le NPA, les Verts et le Modem étaient également représentés. Mais le PS et l'UMP n'avaient envoyé personne.
Cette non-campagne des deux partis les plus favorisés par le mode de scrutin semble montrer qu'ils parient sur une forte abstention. Mais ce comportement fuyant nuit à la confrontation des projets et au débat d'idées. « Sur le marché d'Uzès on a parfois des réactions de type "tous pourris", même si pas mal de gens - s'arrêtent pour discuter. On s'aperçoit alors qu'ils ont beaucoup de questions en tête », note Jocelyne Leclere, à qui il arrive aussi de constater un réflexe de refus devant un tract dont le logo comporte le mot Front. Il faut alors expliquer la démarche unitaire d'une coalition de gauche en opposition totale au Front national de Le Pen.
Gérard Le Puill
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