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7 avril 2008 1 07 /04 /avril /2008 08:51

Au terme de cette réflexion, ma décision est prise. Je vais couper la valise en deux parts égales et je porterai la moitié de l'argent à la fille de Gonzalez et l'autre partie à son fils. Je sais que mon choix n'a rien de surréaliste mais il doit me rester quelques restes de civilisation judéo-chrétienne qui me poussent à rester honnête et à rendre aux enfants ce qui appartenait à leur parent. Que ce geste me coûte est une évidence. Je ne peux pas dire avec certitude quelle aurait été la décision de Gonzalez lui-même s'il n'avait pas eu la mauvaise idée de mourir juste avant la conclusion de cette affaire mais dans mon for intérieur je suis quasi-convaincu qu'il n'aurait pas exactement fait ce que je vais faire. Cependant ai-je une autre alternative ?

Peut-être que Benjamin Péret dans une situation similaire aurait distribué les billets aux passants, brûlé la valise avec son contenu, fait un don à une œuvre ? Qui peut le dire ? Avant de choisir le geste le plus raisonnable, à un moment donné, moi-aussi j'ai eu un flash. Je me suis vu sur le vieux pont de Saint-Saturnin à vider la mallette dans le Rhône mais c'est une scène rapide que mon cerveau fatigué et perturbé m'a joué...


         Maintenant que j'ai pris le temps de mûrir ma décision, il me reste à mettre en place la stratégie pour donner concrètement cet argent. Je ne peux pas arriver la bouche en cœur :


         « Salut, vous m'avez déjà vu, je vous ai raconté des craques, maintenant je vous rends l'argent de votre père et bye-bye ! »


         Officiellement Cabrera n'est rien pour Gonzalez, il n'a donc pas les mêmes droits que la femme de Montbrun. Connaissant aussi un peu la famille du toubib, ils vont se poser des questions, comment justifier que je n'ai pas mis une partie du magot dans ma poche ? Vu les magouilleurs qu'ils semblent être, ils ne me laisseront pas partir comme ça sans avoir des explications approfondies. J'ai de quoi m'inquiéter, craindre que cette histoire soit loin d'être terminée et qu'elle me provoque encore bien des désagréments.

         Je me vois quand même mal procéder différemment. L'avantage, c'est que je suis en possession de liquidités donc exemptes d'impôts et autres droits de succession. D'un autre côté si je ne donne qu'une moitié de l'argent aux Montbrun, si la fille alléchée par cette somme commence à éplucher les relevés bancaires des années antérieures de son père, elle risque de voir défiler des montants supérieurs à ce qu'elle aura touché et me voilà à nouveau devant une montagne d'ennuis.

         Je dois donc remettre cet argent mais en aucun cas, je ne peux être démasqué en espérant qu'ils se contenteront de mon don sans chercher à en savoir plus ou qu'ils n'arriveront pas à remonter jusqu'à moi. L'épée de Damoclès est bien sur ma tête !

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                J'ai supposé que la famille avait eu le temps matériel de retourner à Boulvezon, j'ai pris mon courage à deux mains et me suis rendu à une cabine téléphonique. C'est le toubib qui m'a répondu. Sans me présenter je lui ai expliqué que mon appel avait un rapport avec le décès de Ramon Gonzalez et que je devais les rencontrer pour les entretenir de quelque chose de très important. Il n'a pas paru curieux, du moins en apparence. Il m'a seulement dit que sa femme, qui était la plus concernée, était absente et qu'il avait de son côté du travail. Il a proposé de me recevoir à partir de 22 heures si cet horaire me convenait. J'ai accepté. Il me reste un peu de temps pour peaufiner mon plan...

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         Je me présente à l'entrée de la propriété des Montbrun au moment convenu. Le délai qu'il m'a accordé m'a permis de mettre la dernière main à ma tactique et m'a laissé le temps matériel pour faire le trajet : Saint-Saturnin // Boulvezon. J'en ai la confirmation par les « bip » de la radio à l'instant même où j'aborde la haie d'oliviers qui relie la route à leur bâtisse.

Je franchis le porche du mas en constatant l'obscurité du lieu. Je ne suis qu'à demi rassuré. Je descends tout de même du véhicule quand je vois surgir une puis plusieurs ombres du noir. D'un rapide coup d'œil j'en dénombre une demi-douzaine. Un regard plus affiné me permet de distinguer Philippe Montbrun à la tête d'un « commando » de jeunes types aux cheveux ras.

Il ne me faut pas longtemps pour comprendre que je suis en face du groupuscule facho du « Renouveau identité Méditerranée ». Le petit fils de Gonzalez s'avance un peu plus, tout en demeurant comme le reste de sa troupe à quelques mètres de moi et m'invective :


« Alors tarlouze, on veut créer des problèmes à la famille Montbrun ? T'es mal tombé avec nous, petite fiote, on va t'en passer le goût ! »


         J'essaie de discuter mais la situation ne s'y prête pas vraiment. D'abord parce que les Montbrun doivent se sentir menacés et aussi parce que les « nazillons » ont envie d'en découdre. J'ai reculé de quelques pas en arrière jusqu'à ma voiture car je me sens vraiment menacé mais pour me sortir de ce mauvais pas, je tente de les convaincre de me laisser parler à madame Montbrun en expliquant que j'ai quelque chose d'important à lui dire. J'ai eu le bon réflexe de laisser le sac de billets dans la bagnole.

L'argument ne prend pas. Philippe se fait le protecteur de sa mère.


         «  Tu laisses ma mère tranquille, c'est nous qui allons discuter avec toi ! »

         A partir de cette dernière phrase les choses vont aller très vite. Les skinheads prenant les paroles du fils Montbrun comme un encouragement s'avancent un peu plus et je vois très clairement que certains ont des bâtons qui ressemblent beaucoup à des battes de base-ball.

Philippe se sent protégé par ses amis et se rapproche dangereusement. Je sors un pistolet de mon père pour le tenir à distance mais il continue vers moi s'en être intimidé. J'appuie sur la détente, une, deux peut-être trois fois, je ne saurais pas le dire. Les autres marquent un temps d'arrêt alors que Philippe Montbrun s'écroule pratiquement à mes pieds en se tenant le ventre.

Affolé je mets le reste du groupe en respect braquant l'arme dans leur direction. Ils sont moins courageux que tout à l'heure. Je monte dans ma voiture et arrive à m'enfuir. Je tremble comme une feuille et tout se bouscule, je ne peux donc pas dire dans le détail comment j'ai pu me dépêtrer de ce guet-apens. Il me semble qu'un des gars a tenté de s'accrocher à une portière de la voiture mais qu'il a lâché prise rapidement, qu'un autre a essayé de se mettre sur la trajectoire du véhicule pour m'obliger à m'arrêter. Je ne sais même plus, s'il s'est dégonflé au dernier moment ou si c'est moi qui l'ai touché. Le souvenir le plus fort reste le coup de feu : la détonation assourdissante et l'odeur de poudre dont je n'arrive pas à me débarrasser...

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