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19 mars 2010 5 19 /03 /mars /2010 14:51

Les régionales en Languedoc-Roussillon 2010 et le parti communiste.

 

Nous devons analyser à plusieurs niveaux la situation dans laquelle nous ont placé les membres du parti communiste qui ont décidé de soutenir Frêche contre la décision de leur parti. Certains l'ont analysé en termes de morale politique, d'autres se refusent à y voir un comportement répréhensible et sont prêts à continuer comme avant... en laissant la signification de ces actes en blanc (la couleur de mon vote dimanche !).

 

Pour ma part, je souhaiterais prendre le problème d'un autre point de vue que moral ou psychologique. De plus, au-delà de toutes les justifications politiques ou historiques dont beaucoup sont pertinentes, il me semble qu'il faut considérer l'acte de dissidence posé comme un symptôme d'une relation élus-parti qui n'est plus à la hauteur des enjeux.

 

D'un côté des élus, regroupés pour élaborer des décisions au contenu technique ou gestionnaire, soumis à diverses pressions et dont depuis quelques décennies il est admis qu'une fois élus ils représentent les intérêts de tous les administrés... conception conforme à des phrases célèbres aussi rabâchées qu'elles sont fausses. Non, nos élus ne représentent pas les intérêts de tous les administrés : ils doivent représenter ceux de leurs électeurs et particulièrement ceux de leurs camarades qui non seulement les ont soutenus devant la population, mais les ont choisis pour leurs capacités à représenter leurs intérêts. Pour un parti communiste, il n'y a là aucune contradiction théorique, aussi loin qu'on pousse la réflexion : les intérêts fondamentaux qu'il défend sont ceux de la classe prolétaire et donc ceux des exploités, des dominés, des discriminés. Être élu du parti communiste ce n'est pas se fondre dans une gestion, aussi rationnelle soit-elle, qui oublie de travailler au dépassement du capitalisme, à l'émancipation hors d'une société de classes.

 

De l'autre, un parti qui rassemble des militants dont le désir est justement de dépasser le capitalisme et de s'émanciper. Ce parti élabore une stratégie et désigne les candidats qu'il juge les plus à même de faire vivre cette stratégie, d'en être les représentants, dans les instances de pouvoir où ils sont élus.

 

Tout irait bien donc si des conflits ne surgissaient soudain pour révéler que cette articulation est soit insuffisante soit mal comprise. Il est clair que dans le Languedoc-Roussillon, comme au niveau national, le brouillage organisé des politiques conduites par la droite et les sociaux-libéraux frappe tout le monde. Le parti communiste en a fait l'analyse à son dernier congrès et a décidé de rompre avec tout ce qui pouvait laisser penser qu'il était prêt à diriger avec des tenants du traité de Lisbonne (TCE revu et traités antérieurs qui sont de la même eau). Conjointement à cette "radicalité" qui n'est qu'une clarification indispensable pour que la classe prolétaire puisse retrouver ses repères fondamentaux, il a considéré que la constitution de fronts populaires les plus larges possibles étaient la seule voie envisageable pour démontrer aux yeux de la classe prolétaire qu'il y avait à gauche un rassemblement largement majoritaire à construire, mais réel.

 

C'est donc au moment de cette clarification et de ce rassemblement à construire que des élus du parti se sont opposés au nom d'un "bon" bilan gestionnaire et d'une "alliance" faisant perdurer la confusion entre tenants du social-libéralisme qui accompagnent le traité de Lisbonne, quintessence d'un ultralibéralisme dont on voit tous les jours les ravages et l'absurdité folle, et ceux qui y sont définitivement et radicalement opposés. Pragmatisme électoral qui a fait dire à certains avant le premier tour "qu'il y en avait assez d'être dans le camp des perdants et qu'il fallait être avec les gagnants" !

Le recul idéologique d'une telle position est le reflet exact de l'impact du libéralisme et de sa théorie des "gagneurs". Ce n'est pas en y cédant qu'on va pouvoir les combattre.

 

Le "retour dans le parti" de ces élus ou de leurs partisans serait donc le signe tangible d'un changement d'orientation du parti dans sa stratégie et sa mise en oeuvre. Je n'imagine pas que cela se fasse par la petite porte, comme si de rien n'était ! Ce serait transformer une tentative de putsch en putsch proprement dit.

 

Mais cela laisse entière la question de l'articulation à l'avenir du parti et des élus : le principe de base est que les élus du parti (soutenus ou non au cours de l'élection par d'autres organisations) représentent d'abord la politique du parti dans les instances de pouvoir. On me dit "Ce n'est pas possible ! Il faut faire des compromis !" Oui c'est possible et oui il faut faire des compromis ! La résolution de cette apparente contradiction vient de ce que s'il y a des compromis à faire, c'est au parti avec ses élus à les élaborer et à les défendre. Ce ne sont pas les élus seuls qui peuvent les définir en dehors du parti car cela ne peut être que soit une décision d'élus qui va diverger de celle du parti, soit une erreur du parti qui ne connaît pas le dossier. La technicité des dossiers ne doit pas être un alibi pour qu'ils restent dans les mains des élus, alors que les enjeux de la décision, des compromis possibles, doivent être discutés et partagés par le parti en tant que représentant des intérêts de la classe prolétaire et de ceux qui ont une conscience de classe...

 

Les élus sont donc clairement, non seulement ceux qui font remonter les problèmes de la population vers les instances de décision mais aussi ceux qui alertent et informent le parti sur toutes les décisions en cours d'élaboration et qui s'enrichissent de la réflexion du parti à leur propos, permettant, au passage, à l'ensemble des militants de mieux comprendre les problèmes et d'approfondir la stratégie des luttes locales et celles concernant les lieux de pouvoir plus éloignés. On ne peut faire vivre une démocratie active si l'on ne prend pas le temps de ces débats dans le parti et, soutenus par le parti, dans la population avec les citoyens.

 

C'est l'efficacité de la politique qui est en jeu : montrer à la classe prolétaire que le parti fait ce qu'il dit et dit ce qu'il fait, partout.

 

Jean Delpuech (18 mars 2010)

 

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