Qu'avez-vous pensé du plan delutte contre le déficit annoncé par François Fillon ?
C'est une véritable catastrophe. Le plan d'austérité va continuer à nous enfoncer dans la crise. Ce qui est extraordinaire, c'est que François Fillon annonce lui-même le recul de la croissance en 2011 et en 2012. Il signe donc l'échec annoncé de sa politique. Le gouvernement refuse de se dégager du chantage des marchés financiers et des agences de notation. Il poursuit une politique qui va frapper très durement les ménages. La contribution exceptionnelle sur les hauts revenus est un leurre. Quelque 200 millions sur 11 milliards, c'est une mesure purement d'affichage.
Arnaud Montebourg fait campagne sur la démondialisation, Jean-Luc Mélenchon a proposé un protectionnisme européen, et vous, dans votre livre, vous préférez parler de "décapitalisation". Où vous situez-vous?
Le cœur du problème est moins la réduction des échanges ou la fermeture des frontières que la financiarisation croissante de l'économie. Les causes de la crise sont l'ampleur croissante des prélèvements financiers opérés sur la création de la richesse, en France, en Europe et dans le monde. Il faut s'y attaquer avec une taxation massive de la spéculation financière. Et il faut, en même temps, investir dans l'augmentation des salaires et dans les investissements publics.
Le protectionnisme européen n'a pas l'air d'avoir vos faveurs? «Les propositions du PS sont trop timorées»
Jean-Luc Mélenchon et moi-même, nous sommes favorables à l'instauration de visas écologiques et sociaux sur les marchandises qui circulent en Europe afin de lutter contre le dumping social et environnemental utilisé pour faire croître les profits financiers. Il faut mettre un coup d'arrêt aux politiques de mise en compétition des peuples et des produits. Non pas avec l'objectif de fermer les frontières mais de dissuader les politiques de rendements financiers exorbitants.
Que pensez-vous des propositions du PS pour faire face à la crise?
Les propositions du PS sont trop timorées par rapport à l'ampleur de la crise actuelle. Si nous voulons nous donner des marges de manœuvre pour une politique sociale indispensable à la relance de l'économie, il faut des mesures fortes de rupture avec le chantage actuel des marchés financiers. Par exemple, en matière européenne, nous devons remettre en cause le rôle joué par la Banque centrale européenne et exiger que les crédits et la création monétaire puissent financer directement les Etats au lieu de les laisser à la merci des spéculateurs.
Ce vendredi vos universités d'été commencent. Jean-Luc Mélenchon se rendra à la votre et vous à la sienne. Est-ce important de vous afficher ensemble?
Bien sûr. Nous avons décidé d'une campagne commune, nous avons un candidat commun, Jean-Luc Mélenchon, et nous allons mener cette campagne ensemble.
N'aurait-il pas été plus simple de faire votre rentrée ensemble?
Le Front de gauche est le rassemblement de partis qui ont leur structure de travail qui demeurent. Nous allons concilier les deux.
«La crise très grave du capitalisme valide nos hypothèses», Le Nouveau pari communiste (à paraître le 8 septembre), vous dites que vous étiez un "illustre inconnu médiatique". Ce livre aurait pu être l'occasion de mieux vous connaître, de parler de vous, mais vous le faites assez peu. Une fois le livre refermé, le lecteur ne vous connaît pas beaucoup plus…
Effectivement, je ne crois pas beaucoup à la peopolisation de la vie politique. Je crois aux débats d'idées. Je crois à l'engagement personnel en politique, je ne mésestime pas cette dimension mais ce qui était important était de s'expliquer sur les choix et l'avenir du PCF. Le PCF a tourné suffisamment de pages pour rentrer dans une nouvelle période de développement. Le Parti communiste a beaucoup plus changé qu'on ne le dit bien souvent et la crise très grave du capitalisme valide nos hypothèses sur le dépassement nécessaire de ce système. Mais nous voulons le faire dans un esprit de rassemblement.
Lors des dernières élections, le Front de gauche a fait un score autour de deux chiffres. Dépasser 10%, est-ce votre ambition pour l'élection présidentielle?
Notre ambition est de peser réellement sur le paysage politique. Nous avons approché les 10% aux élections cantonales, nous avons vu que cela comptait et nous voulons être une force qui compte dans la victoire de la gauche. Mais je ne fais pas de pronostics.