Quelle transformation révolutionnaire de la société
Le face-à-face entre Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF et François Sabado, membre de la direction nationale de la LCR paru dans lHumanité des débats de samedi 7 juin 2008.
Vos deux formations se réclament de la transformation révolutionnaire de la société. Est-ce pertinent aujourdhui ? On voit bien comment le PS a renoncé à ces thèmes. Le PCF ne semble guère mettre en avant la révolution. Et, à la LCR, vous allez vers la création dun nouveau parti dont lappellation ne se réclame pas du communisme ou de la révolution
François Sabado. Ça reste pertinent. Lactualité de la transformation révolutionnaire de la société, cest avant tout la crise du capitalisme. On nest plus comme dans la fin des années 1990, dans ce quon appelait « la fin de lhistoire ». On est dans une situation de crise globale du capitalisme : crise financière, bancaire, alimentaire, éléments de récession
Il ne sagit pas dêtre catastrophiste : il y a des taux de croissance importants, des avancées technologiques, une restauration du capitalisme en Chine. Dans lancien bloc de lEst, il y a surabondance de capitaux
Mais les contradictions du capitalisme sont extrêmement présentes.
Il reste des possibilités de développement du capitalisme mais le coût social, économique et écologique de ce développement est terrible et appelle la transformation de la société comme une question actuelle. La question est donc : quel capitalisme et quelle transformation ? Quand on voit le développement du capitalisme actuel avec sa financiarisation et ses destructions, on ne peut sempêcher de reprendre lexpression de léconomiste Michel Husson : on est face à « un capitalisme pur ». Au sens où les Trente Glorieuses ont été en fait une parenthèse dans lhistoire du capitalisme. Pour sattaquer à ce capitalisme, il faut sen prendre à son noyau dur : la recherche du profit. Il faut un anticapitalisme pur qui pose la question du socialisme. Face à la logique des profits, il faut substituer celle des besoins sociaux.
Olivier Dartigolles. Il y a effectivement crise globale du capitalisme. Crise démocratique, sociale, économique, financière, alimentaire
qui fait quà léchelle du monde, de la société, des millions de personnes se disent quil y a un avenir de chaos. Et, face aux crises, monte une prise de conscience que mettre fin à toutes les dominations, les exploitations et les aliénations est une condition de survie pour lhumanité. Ça ouvre dimmenses potentialités. Nous sommes sur une ligne de crête : dimmenses potentialités et dimmenses périls. On ne peut pas avoir le sentiment unique dun avenir bouché.
Il y a des leviers, des prises dans le monde, lEurope et notre société, pour quun mouvement, à partir de la caractérisation de cette crise, nous permette de travailler à une alternative. Cest une période plus ouverte quil ny paraît, mais ça pose la question du contenu de cette alternative, dun projet politique davenir, de gauche, progressiste. Je pense que cette question du projet politique nest pas travaillée par la LCR. Il faut poser également la question du rassemblement. On ne doit dresser aucun mur entre celles et ceux qui peuvent se rassembler. On peut reprendre la main mais ça demande un effort délaboration politique, théorique et organisationnelle pour mettre fin en France à lhégémonie idéologique portée par Sarkozy. Maintenant, pas en 2012.
François Sabado. Oui, cest ce que disait Rosa Luxemburg, « socialisme ou barbarie ». Il y a des éléments de prise. Mais est-ce que la transformation cest la rupture avec le capitalisme, ou bien le retour aux Trente Glorieuses, à lÉtat providence, ou à un capitalisme à visage humain ? Nous pensons que le capitalisme, sa financiarisation, le durcissement de lexploitation de millions de gens sont tels que, pour défendre des revendications immédiates, partielles, il faut sen prendre à la logique même du système. Il faut poser le problème de la rupture et donc de la confrontation. La répartition des richesses, lincursion dans la propriété capitaliste et lavancée vers une propriété publique et sociale impliquent une confrontation avec les classes dominantes. Se pose la question du projet, je ne suis pas daccord avec ce que tu as dit.
La LCR est consciente du problème. Lanticapitalisme demande de définir le socialisme du XXIe siècle. Pour nous, les grands axes du socialisme nécessitent de rompre avec le capitalisme, de pousser la démocratie socialiste jusquau bout. Ce qui veut dire, par exemple, faire passer les droits sociaux avant les droits de propriété, et des changements institutionnels, une rupture avec la Ve République. Il faut donc préparer une confrontation. Pour nous, il ne sagit pas dun seul choc, il y aura toute une phase de préparation, daccumulation dexpériences de lutte, mais, à un moment donné, il faudra une brisure, une cassure. Lessentiel, cque lémancipation des travailleurs soit loeuvre des travailleurs eux-mêmes. Il faut donc que les gens se dotent de leurs propres organisations ou structures. Pour nous, ça veut dire quon met au centre lirruption des travailleurs sur la scène politique et sociale et non le travail dans les institutions. Lhistoire montre que lessentiel des conquêtes se fait de lextérieur des institutions.
Olivier Dartigolles. Il y a là une divergence forte. Nous sommes les uns et les autres dans les manifs. Mais nous voyons bien quaujourdhui ce qui limite ces mobilisations, cest labsence de traduction politique en termes de projet. Cette situation ne peut plus durer. Il y a urgence à traiter cette question. Quand tu dis que tous les grands progrès sociaux ont été acquis dans les luttes et non pas par les urnes, je suis en total désaccord. Dans toutes les grandes conquêtes sociales, les luttes et les urnes se sont épaulées. Lorsque la LCR écrit que « la généralisation de la grève a été concrètement à lordre du jour dans les mobilisations depuis 1995 », ce nest pas vrai. On a obtenu deux victoires, celle du référendum et celle du CPE. Mais on souffre, et dans les manifs, lambiance est lourde parce que lhorizon est bouché. Pour une raison : il ny a pas le projet politique clairement identifiable de gauche qui permette dengager un processus de changement.
Il ny aura pas dirruption des travailleurs si nous ne traitons pas en urgence cette question-là. Être révolutionnaire aujourdhui, cest aussi être capable de définir ici et maintenant, pour les cinq prochaines années, les mesures incontournables, nécessaires pour changer le rapport des forces. Des mesures réalisables, avec les moyens financiers, institutionnels et démocratiques, des mesures cohérentes entre elles qui dessinent une alternative démocratique. Il ne faut pas se payer de mots : il y a besoin à gauche de formuler ce projet. Ça ne relève pas de discussions dorganisations, il faut que le peuple sen mêle. Il faut mettre au coeur de ce projet la question dun autre mode de développement. Et, pour notre part, nous identifions quatre révolutions essentielles : une maîtrise citoyenne et sociale des marchés financiers ; une révolution écologique et énergétique ; une révolution démocratique ; et des ruptures dans linformation, la connaissance, lart
Vouloir aujourdhui cette transformation révolutionnaire cest être en capacité dénoncer clairement ce projet et les conditions politiques de sa réalisation : lintervention populaire et un rassemblement politique. On a besoin de ce rassemblement : la théorie des « deux gauches » est aujourdhui portée par les dirigeants socialistes les plus enclins à se tourner vers la droite ! La droite est très attentive au fait que la gauche ne puisse pas se rassembler et ne puisse plus construire une majorité politique pour le changement.
François Sabado. Il ny a pas ceux qui donnent dans le lyrisme et ne sintéressent quaux luttes, et ceux qui sont concentrés sur la perspective politique. La question est : quelle perspective politique ? Pour nous, cest la transformation et, au centre, lintervention des masses sur la scène politique. Je redis que les principales conquêtes dans le pays ont parfois été enregistrées par tel ou tel gouvernement, mais elles sont le produit de grèves générales, de situations révolutionnaires ou prérévolutionnaires.
Il ny avait pas les congés payés, les 40 heures ou les nationalisations dans le programme du Front populaire. Il peut y avoir, après, une traduction politique, mais quest-ce qui est premier ? Quand la droite pousse le bouchon trop loin, il peut y avoir un retour de balancier et on ne peut pas écarter une réaction populaire. Mais nous sommes réalistes, le rapport des forces sest dégradé avec loffensive néolibérale. Comment y répondre ? Je prends les quatre points que tu as cités. Tu parles de « maîtrise citoyenne et sociale des marchés financiers », mais la régulation ne marche pas. Cest une illusion, une chimère. Le PS au gouvernement na pas régulé les marchés financiers. Il faut quon sattaque au noyau dur, le capital, son pouvoir, par exemple le droit de regard, la levée des secrets commerciaux, bancaires, la mise sous contrôle public dentreprises comme Total. Maîtriser les marchés, cest sattaquer à la propriété capitaliste.
Autre exemple : la révolution écologique. Un programme « éco-socialiste », ce nest pas faire payer les pollueurs mais sattaquer à la logique du mode de développement, donc réorienter des productions ce qui pose encore le problème de la propriété. La révolution démocratique, quest-ce que ça veut dire ? La rupture avec la Ve République, un processus constituant pour une nouvelle démocratie : le système de suffrage universel, mais aussi des éléments de démocratie directe dans les communes et les entreprises. Pour poser ces questions politiques, il faut changer le rapport de forces au sein de la gauche. On doit poser le problème du rassemblement en termes dunité daction et dintervention, mais il faut que ne dominent plus les forces sociales-libérales au sein de la gauche.
Olivier Dartigolles. Dans le dernier document de juin de la LCR, une phrase ma fait sursauter. « Il nexiste pas de solution nationale tant les économies des sociétés sont imbriquées, et les problèmes de fond nécessitent une riposte à cette échelle
» On ne peut pas dire ça. Bien évidemment un projet politique de gauche devra énoncer les changements à léchelle de lEurope et du monde. Mais existe-t-il dans le pays des leviers permettant de reprendre la main ? Il faut faire en sorte que ceux qui sont dans la rue et ceux qui ny sont pas et sen désespèrent puissent reprendre espoir.
On ne peut pas faire le jeu du bipartisme, accepter le paysage politique et médiatique qui se dessine : une droite dure, une gauche qui se droitise, et le calendrier politique qui se résume à la présidentielle. Et que ceux qui ne sont pas daccord aient la possibilité tous les cinq ans de pousser un cri de colère. Jai le sentiment, et je le dis avec gravité, que la position actuelle de la LCR est un élément du paysage interdisant que souvre à gauche un horizon en termes de projet et de dynamique politique. Quand je vois dOrmesson ou Étienne Mougeotte dans le Figaro vanter les mérites dOlivier Besancenot, je trouve que la position de la LCR aujourdhui, qui en fait des tonnes sur les deux gauches, participe de ce paysage qui se met en place pour tuer lespoir.
Il faut pousser dans le même temps les questions du projet politique, des moyens financiers parce que cest sur ce plan que la gauche a failli quand elle était au pouvoir, mais aussi la question du rassemblement, des conditions politiques.
François Sabado. La création du nouveau parti anticapitaliste représente un nouvel espoir en France et dans le milieu ouvrier. Les réactions de sympathie envers cette démarche et à légard dOlivier Besancenot montrent que cest la seule chose de neuf qui ouvre une perspective à gauche actuellement. Une simple remarque, sans polémique : jappelle les dirigeants communistes à ne pas retomber dans le vieux discours sur le thème des complicités de lextrême gauche avec la droite, des gauchistes provocateurs, etc., qui ne vous a pas porté chance. Ce qui nous importe est de reconstruire un mouvement ouvrier, en menant la bataille politique contre la droite en priorité, mais aussi contre les forces dominantes à gauche. La question à laquelle nous sommes confrontés est celle dune droite qui souhaite que lEurope prenne toute sa place dans la concurrence mondiale, et qui casse pour cela les modèles sociaux européens.
Il faut donc sattaquer à cette droite dans lunité daction à gauche et en particulier avec les militants communistes et révolutionnaires. Mais, en même temps, la droite narrive pas à stabiliser sa domination politique, car les résistances quelle rencontre font naître des éléments de crise sociale. Nous voulons faire en sorte que résistances s, pour quelles produisent de la politique, de la culture au sens gramscien, cest-à-dire reconstruisent une hégémonie. Pour nous, la perspective ne se limite pas à construire un nouveau parti anticapitaliste, ni à porter la parole des luttes. Cela implique des contenus en termes de revendications, mais aussi une perspective politique indépendante du centre gauche et de la social-démocratie, qui rejette les coalitions parlementaires et gouvernementales. Ceux qui désespèrent les peuples et les travailleurs sont ceux qui ont participé à ces coalitions. Les gouvernements sociaux-libéraux sont pris dans le carcan du capitalisme financiarisé, et obligent ceux qui y participent à appliquer un programme qui est contradictoire avec ce que lon défend par ailleurs. Cela est arrivé au PCF dans la gauche plurielle, cest arrivé au Parti de la refondation communiste en Italie, et cela arrivera demain, en Allemagne, à Die Linke si elle participe à un gouvernement avec le SPD.
Il ne sagit pas de refuser toute participation gouvernementale, nous nous situons clairement dans une optique de gouvernement, mais un gouvernement qui soit le produit des mouvements sociaux, des rapports de forces politiques, et non le fruit dalliances parlementaires institutionnelles avec le centre gauche et le PS. À ce jeu-là, la gauche radicale ou révolutionnaire est toujours perdante, et pas seulement la gauche, mais notre peuple et le mouvement ouvrier tout entier.
Olivier Dartigolles. Je ne suis pas daccord avec lidée que la droite narriverait pas à stabiliser sa domination. En dépit de la perte de confiance de lopinion publique, la droite garde la main dans la bataille idéologique aujourdhui, ses réformes avancent et font mal, avec des conséquences sociales terribles. Cela demande que ceux qui ne se résignent pas ne participent pas à la présidentialisation du régime et à la pipolisation de la politique en se projetant en 2012, mais soient en capacité dindiquer quelle autre politique est possible pour donner toute leur force aux mobilisations sociales daujourdhui.
Sur la question du rassemblement, le PCF, et cest tout à son honneur, fera systématiquement tout ce qui est en son pouvoir pour battre la droite. Chaque fois quil sera possible de construire des majorités politiques à léchelle des villes, des départements, des régions et au niveau national, on le fera. Cela ne doit pas empêcher de tirer les enseignements des échecs passés, pour ne pas reproduire ce qui a envoyé la gauche dans le mur. Il faut avancer des idées neuves en matière de rassemblement, mettre en place quelque chose qui na jamais existé. Pour cela, il faut dabord accepter que ce rassemblement à gauche à vocation majoritaire inclue des femmes et des hommes qui ne sont pas du même courant de pensée. Cela demande de se mettre daccord sur des objectifs et un projet politiques communs. De nombreuses forces agissent avec des moyens importants pour que ce rassemblement ne voie pas le jour. Si nous avions mis en pratique la théorie des « deux gauches » durant la campagne du « non » au référendum de 2005, nous naurions pas réussi à enclencher cette dynamique et cet espoir qui ont conduit à la victoire du « non ». Mais il faut que le rassemblement populaire garde durablement la main, avec un esprit de suite et dinitiative, avant, pendant et après lélection. Cest ce qui a manqué au moment de la gauche plurielle, et cest quelque chose que lon na jamais connu.
Aucun gouvernement ne peut freiner une telle dynamique quand le peuple sen empare. Cela demande un immense effort de travail politique, mais je ne vois pas dautre issue. Si on ne passe pas par la case « projet politique de gauche » ni par le rassemblement populaire le plus large sur les contenus les plus élevés, rien naboutira. Mais cela demande in fine aux organisations politiques de constituer une majorité parlementaire à lissue de ce processus. Que peut-on faire sans majorité dans ce pays face à la droite ? Je peux comprendre quavec un horizon bouché à gauche vous soyez tentés dengranger quelques points, mais ce nest pas lenjeu. Lenjeu, cest de reprendre la main face à lhégémonie culturelle de la droite que tu évoquais.
François Sabado. 2012 est le cadet de nos soucis. Ce qui nous importe, cest la situation ici et maintenant. Nous disons que la droite narrive pas à stabiliser sa domination parce que loffensive libérale est tellement forte quelle bouscule ses propres partis et ses propres institutions. Mais ils cognent comme ils nont jamais cogné. Lunité pour faire reculer la droite est centrale pour nous, y compris avec le parti social-libéral. Mais la social-démocratie a effectué une mutation, ce nest plus celle des années trente ou des années soixante-dix. Ce nest pas un hasard si Strauss-Kahn se retrouve dirigeant du FMI. Il y a une interpénétration des sommets du capitalisme financier international et de la social-démocratie. Malgré cela, il reste le peuple de gauche.
On peut se battre ensemble pour lunité daction de lensemble du mouvement ouvrier et du peuple de gauche à partir de mesures clés qui stimulent la mobilisation et déstabilisent le système, pour un programme durgence sociale et démocratique qui propose laugmentation immédiate de 300 euros des salaires et le SMIC à 1 500 euros, la relance des services publics, linterdiction des licenciements, etc. Mais, sur le plan politique, il y a un problème entre nous, car nous pensons quil y a deux gauches. Le référendum de 2005 a été une manifestation populaire de lexistence de ces deux gauches, avec dun côté le « non » de gauche, et de lautre les partisans du « oui ». À ce moment, lun des choix possibles était de poursuivre la rupture avec la direction du PS, et cela vous ne lavez pas voulu. Cest cela le problème. Ce ne sont pas des a priori, ce ne sont pas des « murs » que lon construit, il sagit de la réalité des positionnements politiques.
Nous pensons quil faut rassembler la gauche de transformation sur une base anticapitaliste, indépendante du PS et de majorités parlementaires. Cela nexclut pas de soutenir des mesures décidées par un gouvernement de gauche quand elles sont positives. Le nouveau parti anticapitaliste sinscrit dans cette dynamique pour ouvrir une nouvelle perspective. Cette question est vitale : accepte-t-on le rapport de forces tel quil est ou cherche-t-on à le changer ? Cest impossible dans des Meccano institutionnels dominés par le PS. Accepter de se subordonner au parti dominant au nom dune majorité parlementaire, cela a déjà été fait, et le bilan est négatif. On pourra peut-être rediscuter avec les partis de gauche, mais dans le cadre dun rapport de forces où le mouvement populaire donne le la avec ses propres structures, et surtout dans un autre cadre que le cadre institutionnel.
Olivier Dartigolles. Mais il faut que le rapport de forces se traduise dans les institutions pour mettre en oeuvre une autre politique. Dans la campagne référendaire, nous avons construit un rassemblement sur des contenus politiques élevés, mais ce qui a été déterminant est davoir fixé lobjectif de lemporter. Sans cette perspective-là, il ny avait pas de dynamique victorieuse possible. Ce qui manque aujourdhui, ce nest pas tant lespoir dun autre possible, cest lobjectif énoncé comme tel de créer un rassemblement majoritaire.
Cest un élément de la mise en mouvement de millions de salariés qui ne voient aucun débouché possible. Certes, ce nest pas nouveau, il y a deux orientations à gauche. Lune sociale-libérale, de renoncement ou, au mieux, de régulation, et lautre de transformation de la société. Mais, dans le peuple, il ny a quune gauche, et notre ambition doit être de la rassembler pour que lorientation de la rupture et de la transformation sociale soit majoritaire dans le pays. Notre congrès portera sur ce thème. Nous souhaitons, par des rencontres populaires, montrer quil est possible de reprendre la main.
François Sabado. Jestime que je ne suis pas dans la même gauche que les dirigeants du PS. Je suis daccord avec toi sur le fait quil y a besoin de redonner du moral à des millions de gens. Mais, pour nous, cela consiste à montrer quil existe autre chose à gauche que le PS, quune gauche dominée par le centre gauche ou le social-libéralisme, quil y a une perspective anticapitaliste qui défend vraiment les revendications, qui défend vraiment les intérêts des classes populaires.
Le fond de notre projet de nouveau parti anticapitaliste est de donner des éléments de traduction et de représentation politiques dun nouvel espoir à gauche, qui sinscrit dans une perspective de rupture avec le système et dindépendance radicale par rapport à la gauche telle quelle existe aujourdhui.
Entretien réalisé par Sébastien Crépel et Olivier Mayer dans l''Humanité du samedi 7 juin.