Le 29 avril 1945, pour des élections municipales. Elles furent 12 millions à se rendre aux urnes.
Une avancée considérable, bien qu'il reste encore aujourd'hui du chemin à parcourir pour obtenir une véritable parité en politique.
Les femmes votaient pour la première fois il y a 70 ans, le 29 avril 1945, pour des élections municipales. Elles furent 12 millions à se rendre aux urnes. Une avancée considérable, bien qu'il reste encore aujourd'hui du chemin à parcourir pour obtenir une véritable parité en politique.
Le 29 avril 1945, nouvelle carte d'électeur en poche, les Françaises votaient pour la première fois de leur histoire, lors des élections municipales. Mais, 70 ans plus tard, elles peinent encore à s'imposer dans la sphère politique en dépit des lois sur la parité.
Pendant l’Occupation de nombreuses femmes ont rejoint les rangs de la Résistance. Un engagement qui conduira la France libre du général de Gaulle à reconnaître l’égalité économique et politique des sexes.
Le résistant communiste, Fernand Grenier, défend fermement et avec obstination les droits politiques de la Française à l’assemblée. Le 23 mars 1944, l’Assemblée consultative siégeant à Alger adopte le principe du droit de vote des femmes par 51 voix « pour » et 16 voix « contre ». Un mois après, le 21 avril, le général de Gaulle ratifie une ordonnance qui, à l’article 17, prévoit le vote des femmes et leur éligibilité : Les femmes sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes.
Les Françaises obtiennent enfin le droit de vote et celui d’être élues. Elles voteront pour la première fois en 1945 et entreront au Sénat en 1946.
Le nouveau pouvoir politique, plus jeune, issu de la Résistance, reconnaît enfin aux femmes leur pleine responsabilité de citoyennes. En effet, dès la Libération, les femmes deviennent citoyennes et font leur entrée dans la sphère politique. Les mouvements « suffragistes » déclinent peu à peu, ayant perdu leur principale raison d’être. Une tradition féministe disparaît. Il aura fallut un siècle et demi de réflexion et de lutte pour obtenir l’égalité des droits politiques avec les hommes.
« C’est pendant l’Occupation que les mentalités ont changé, et c’est dans la Résistance que les femmes ont gagné le droit de voter et d’être élues. Elles avaient montré leur courage, pris des risques fous, reçu les clandestins, assuré la transmission des messages... Il était impossible de leur dénier encore le droit de vote. Ce n’est pas de Gaulle qui leur a donné. Ce sont les femmes qui l’ont glorieusement gagné. »
En novembre 1944, les comités féminins de la Résistance fusionnent pour former l’Union des femmes françaises. L’ U.F.F connaît un développement spectaculaire, en lien avec l’euphorie de la Libération et le rôle du P.C.F et des femmes dans la Résistance. Elle compte entre 600 000 et 1 000 000 adhérentes en 1947. Une génération de femmes apprend à sortir de chez elles.
Les Françaises ont obtenu le droit de vote et d'éligibilité "par un article dans une ordonnance ne portant pas sur leur citoyenneté. Leur entrée dans la République s'est faite par une porte dérobée", soulignait récemment Réjane Sénac, chargée de recherche CNRS-Cevipof et présidente de la commission parité au Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (H.C.E.f.h).
La Déclaration universelle des droits de l'Homme de 1789, censée proclamer l'égalité de chaque individu, avait instauré en réalité "un universalisme ne s'appliquant qu'à la moitié masculine de la population !".
Le droit de vote des femmes est confirmé par l'ordonnance du 5 octobre 1944, sous le Gouvernement provisoire de la République française. Il faudra attendre le premier scrutin après la Libération, les municipales, en cet historique mois d'avril 1945, pour que douze millions de femmes puissent l'exercer.
Un événement et l'aboutissement d'un long combat ! Au cinéma, les Actualités montrent les impressionnantes files d'attente de femmes devant les bureaux de vote. Une électrice tirée à quatre épingles lance aux journalistes: "Je suis très fière de voter et j'espère que toutes les femmes auront rempli leur devoir".
Elles voteront de nouveau en octobre pour les élections à l'Assemblée constituante. Trente-trois d'entre elles seront élues sur un total de 586 députés. Il s'agissait en 1945 d'un scrutin de liste à la représentation proportionnelle.
"On a assisté entre 1945 et les années 1990 à une baisse permanente du nombre de femmes élues à l'Assemblée nationale", relève Françoise Picq, spécialiste de l'histoire du féminisme.
En 1993, elles ne sont ainsi que 5,7% à siéger au Parlement, à peine plus qu'au sortir de la Seconde guerre mondiale.
Pour contrer cette fâcheuse tendance, la France est la première à adopter une législation sur le principe de parité. La Constitution est révisée. En 2000, une première loi contraint les partis politiques à présenter un nombre égal de femmes et d'hommes lors des scrutins de liste.
- La parité s'arrête "là où le pouvoir commence" -
Depuis, de nombreuses législations, de plus en plus contraignantes, sont venues réformer les scrutins Cependant, les têtes de liste sont encore majoritairement masculines et les femmes souvent cantonnées aux dossiers sociaux ou relatifs à la petite enfance...
Aujourd'hui, l'Assemblée nationale compte 155 députées sur un nombre total de 577 élus, soit 27% seulement de l'hémicycle qui se conjugue au féminin. Depuis 2014, le Sénat accueille 88 sénatrices sur un total de 346 sénateurs, soit 25,4% (+3 points par rapport à 2011). De même, seulement 16% des maires sont des femmes.
Selon le Haut conseil à l'égalité, des contraintes légales fortes sont les seules de nature à garantir la parité : "Il n'y a rien de spontané. Quand la loi n'oblige pas, il n'y a pas de réelle évolution", souligne la présidente du Haut conseil à l'égalité femmes hommes Danielle Bousquet. Et "le partage des places s'arrête là où le pouvoir commence".
Les récentes élections départementales, soumises aux règles de parité (binôme femme-homme), en sont l'illustration : seules huit femmes ont été élues présidentes sur une centaine de départements français: à peine 10% au total.
"Encore du chemin à faire pour les présidences ! égalité F.H", avait réagi la secrétaire d’État chargée des Droits des Femmes Pascale Boistard sur Twitter.
L'enjeu en termes de parité portera également sur la répartition des postes de responsabilité lors des régionales de décembre (règle de l'alternance homme/femme). Il n'y a aujourd'hui qu'une femme présidente de région sur 22.