Le projet d’aciérie électrique permettrait de recycler en France des déchets de plus en plus abondants et aujourd’hui exportés.
La production de ferraille connaît une croissance constante dans notre pays et les quatre principales aciéries qui pouvaient accueillir ce type de produit ont été malheureusement fermées par Mittal depuis 2004. Résultat, seuls deux millions de tonnes sont encore exploitées sur notre territoire et le reste part à l’étranger. Cette exportation peu glorieuse de déchets recyclables atteint un niveau incroyable. Sept millions de tonnes prennent le chemin de la Belgique, de l’Italie et de l’Allemagne mais également de plus en plus loin, l’Inde, la Turquie ou la Chine. Un comble écologique que le projet d’aciérie à Gandrange pourrait corriger et que les exploitants des entreprises de récupération des métaux espèrent : « Un nouveau défi pour la France, recycler nos ferrailles en France », souligne la Federec, Fédération du recyclage. La création d’une nouvelle aciérie à Gandrange permettrait d’accroître les débouchés de la filière ferraille française, réduisant les exportations lointaines d’une simple matière première, la ferraille. : « Heureusement qu’un syndicat d’ouvriers nous ouvre les yeux sur ces filières de recyclage. Personne n’imagine que sa veille voiture partait en Chine pour être retransformée en fil d’acier réutilisable par l’industrie. Ce projet est vital pour notre pays », souligne Martine Billard. Les syndicalistes abondent dans ce sens : « Rien qu’en Lorraine, la ferraille ne manque pas après la désindustrialisation que nous avons connue. Depuis 2002, notre région a perdu 48 000 emplois dans ce secteur. Des usines à démonter, ça ne manque pas ici. » précise Jacky Mascelli. Et le syndicaliste de poursuivre : « Lors de l’élaboration de ce projet, nous avons contacté nos camarades de la métallurgie et avec les camarades de Saint-Nazaire, on s’est aperçu que la filière recyclage de bateaux n’existait pas dans notre pays faute de débouchés locaux pour les matières récupérées. Gandrange serait donc une solution plus acceptable que l’Inde et autres pays asiatiques surtout qu’elle créerait autant d’emplois en amont qu’en aval du désarmement d’un bateau. Ce projet nous tient à cœur car il pourrait constituer le moteur des efforts déployés actuellement par la Lorraine, qui entend devenir, à terme, un pôle mondial de recherche et développement. On voit bien qu’il y a un besoin d’innovation industrielle dans les domaines des matériaux, de la métallurgie et des procédés. »
Article publié dans l'Humanité du 20 février 2012 par Alain Cwiklinski
Gandrange : un projet d’aciérie conçu par la CGT
Devant le Front de gauche, le syndicat a présenté, vendredi, un projet innovant pour pérenniser le site « oublié » par Sarkozy.
Vendredi matin, à Florange, la colère de la veille des ArcelorMittal n’était toujours pas retombée. À dix kilomètres de là, à Gandrange, les sidérurgistes oubliés de Sarkozy depuis quatre ans espèrent, eux, encore voir couler de l’acier en présentant un projet industriel innovant aux deux députées, Marie-George Buffet (PCF) et Martine Billard (PG), venues en Lorraine en tant que représentantes du Front de gauche. Pendant plus de deux heures, les responsables CGT, initiateurs de ce projet avec le cabinet d’experts 3E Consultants, ont détaillé avec passion le renouveau possible de l’acier à Gandrange. Jacky Mascelli, délégué syndical, a dressé un constat alarmant de la situation : « Depuis la fermeture de l’aciérie sur le site, le laminoir ne fonctionne qu’avec de la matière première en provenance d’Allemagne et de Pologne. Depuis quatre ans, les comptes de résultats sont plombés par des coûts de transport mirobolants. Les 350 derniers emplois sur Gandrange sont donc en sursis. Une solution serait de couler l’acier ici et donc sauver le laminoir de Gandrange, l’un des derniers en activité pour les produits longs en Europe. » Pour cela, le syndicat propose la construction sur le site d’une aciérie électrique d’un type nouveau permettant de fabriquer de l’acier avec les composants traditionnels mais aussi avec des produits de récupération, la ferraille : « Nous avons travaillé avec le syndicat des industriels de la récupération des métaux. Inquiets de la situation actuelle du traitement de leurs produits récupérés, ils voient dans ce projet, l’outil d’avenir indispensable à la filière », précise Didier Guyot, intervenant pour 3E Consultants.
Marie-George Buffet se réjouit : « Ce projet entre parfaitement dans la volonté du Front de gauche de transformer de façon plus écologique les moyens de production. Socialement, il y aura des créations d’emplois et cette entreprise sera rentable durablement. Elle pourrait être l’emblème d’une nouvelle politique industrielle en France. » La création de cette nouvelle aciérie nécessitera un investissement de 120 millions d’euros amortissable en moins de vingt ans, selon le syndicat, et apporterait un travail à 250 personnes, sans compter le maintien des 350 encore présentes sur le site du laminoir. Le projet a été présenté à la direction du centre de Gandrange qui, selon les syndicalistes, y a vu un intérêt certain. « Mais c’est Mittal qui décide », précise Jacky Mascelli. En 2008, Lakshmi Mittal avait annoncé qu’il n’investirait plus pour maintenir une aciérie sur Grandrange, mais Nicolas Sarkozy, lui, s’était engagé à faire prendre en charge par l’État « tout ou partie des investissements nécessaires » pour maintenir l’aciérie en activité. Une promesse restée vaine qui fait bondir Martine Billard : « Il était de son devoir de maintenir cette filière de production dans notre pays. Si aujourd’hui, M. Mittal refuse cet investissement, l’État a toute sa place pour soutenir cette initiative. C’est une question de choix politique et de volonté. » Et l’intervention de Marie-George Buffet de prendre alors un tournant plus politique : « Alors que bon nombre de candidats à la présidentielle et aux législatives redécouvrent qu’il y a des ouvriers dans notre pays, ils seraient bien inspirés de prendre exemple sur la CGT de Gandrange qui présente des solutions industrielles d’avenir. Parce que, il ne faut pas se le cacher, sans cela, Gandrange n’a pas plus deux ans devant lui. » Le Front de gauche a promis aux syndicalistes de la CGT de se servir de la campagne présidentielle pour faire connaître ce projet.
Article publié dans l'Humanité du 20 février 2012 par Alain Cwiklinski
Florange : Sarkozy s'est couché devant les diktats de Mittal ( Communiqué de presse du PCF)
Des l'aube, ce matin les sidérurgistes de Florange en Moselle ont décidé d'amplifier la lutte pour défendre leur outil industriel.
Depuis l'annonce de la direction de ne pas redémarrer le haut fourneau P6, mis en veille depuis octobre, l'intersyndicale CGT – CFDT – FO - CGC craint une fermeture pure et simple.
Les syndicalistes dénoncent, à juste titre, la folie meurtrière des actionnaires d'Arcelor Mittal qui, exigeant des taux de profit de 15% à 20%, s'apprêtent à fermer le dernier Haut Fourneau de Lorraine, pourtant rentable. Si tel est le cas, ce sont 5000 emplois directs supprimés, et
3 à 5 fois plus avec les emplois indirects. C'est l'avenir de tout le territoire lorrain, déjà cruellement massacré par la désindustrialisation et le chômage, qui se joue.
Avec le Front de Gauche, le PCF soutient les travailleurs (Fralib, Arkéma, Gandrange, Petroplus...) en lutte, qui défendent leur outil industriel.
Le Front de gauche se place immédiatement et résolument au service des travailleurs de Florange qui refusent la casse de leur outil industriel.
Le PCF et ses partenaires ne se coucheront pas comme l'a fait Nicolas Sarkozy durant tout son mandat devant les diktats de Mittal et il participera à la grande manifestation régionale le 29 février avec les sidérurgistes de Lorraine.
Parti communiste français
Paris, le 20 février 2012.
Comme prévu lors de l'assemblée générale de jeudi dernier, les sidérurgistes ont investi ce lundi matin dans le calme les locaux de la direction de l'usine ArcelorMittal de Florange (Moselle), bien décidés à défendre leur outil industriel.
"Ce sera le village de la résistance, où les ouvriers pourront venir parler, s'exprimer sur leur lutte et défendre leur outil de travail", explique le responsable de la CGT, Jean Mangin. "L'Etat a sauvé les Lejaby. Il doit intervenir pour nous", a poursuivi le responsable FO, Walter Broccoli.
Répondant à l'appel de l'intersyndicale CFDT-CGT-FO-CFE/CGC, les ouvriers, pour la plupart casqués, sont entrés dans les "grands bureaux" de l'usine, aux cris de "Mittal, on veut du travail". Ils se sont ensuite rendus dans les étages supérieurs, dont la direction générale était absente, selon Edouard Martin, membre CFDT du Comité central d'entreprise (CCE) d'ArcelorMittal. Il s'agit de "mettre au chômage technique la direction". "Nous resterons dans ces bureaux tant que les haut-fourneaux de l'usine n'auront pas redémarré", a-t-il ajouté. Les métallurgistes se sont ensuite installés avec leurs drapeaux et leurs dossards chamarrés dans la grande salle du comité d'établissement.
"Aujourd'hui, Florange est à nous, Florange est à vous", a crié un syndicaliste sous les vivas de ses camarades. "Aujourd'hui, nous sommes les maîtres à bord et la direction ne reviendra que lorsque le marché le permettra", a renchéri Edouard Martin, en promettant "au moins une action par semaine jusqu'au 6 mai", date du deuxième tour de l'élection présidentielle. L'intersyndicale a annoncé que des tentes allaient être érigées sur les pelouses de l'usine lors de cette occupation qui devrait se prolonger plusieurs jours. "Si Mittal ne veut plus de Florange, qu'il s'en aille... Mais il est hors de question qu'il démantèle l'usine. Nous ne le laisserons pas faire", a poursuivi, l'air très déterminé, le responsable FO, Walter Broccoli.
Pour les syndicats, la décision de la direction de ne pas remettre en route la filière liquide à Florange annonce une "mort programmée du site" où travaillent quelque 5 000 personnes, dont 3 000 en CDI, les autres en intérim et en sous-traitance. ArcelorMittal, qui a décidé récemment la fermeture définitive de hauts fourneaux à Liège (Belgique) et Madrid, assure qu'en Lorraine il ne s'agit que d'une mise en veille temporaire rendue nécessaire par une demande insuffisante.
Lors d'une assemblée générale la semaine dernière, les syndicats ont promis de faire de Florange "le cauchemar du gouvernement" s'ils n'étaient pas épaulés dans leur lutte.