Des centaines de salariés, syndicats et politiques de gauche ont manifesté devant le congrès du PS, à Toulouse. "Le changement, c'est pour quand ?" demandait la banderole de tête.
A Toulouse, en marge du congrès du parti socialiste où se trouvent de nombreux ministres dont Jean-Marc Ayrault, près de 1200 manifestants ont défilé pour demander au gouvernement socialiste: "Le changement c'est pour quand?". C'était en tout cas la question posée par la banderole de tête tenue à la fois par des syndicalistes de la CGT, de la FSU et de SUD et par des militants politiques du Front de Gauche ainsi que du NPA ou d'Attac. L'intersyndicale (CFDT-SUD-CGC-CGT-FO) de Sanofi était en tête du cortège avec près de 300 des salariés du laboratoire pharmaceutique qui luttent depuis juillet contre la menace d'une fermeture de leur établissement toulousain. Les mots d'ordre y étaient plus syndicaux, même si on voyait une pancarte: "Montebourg assume ton ministère !".
Plusieurs dizaines de salariés de France3 Midi-Pyrénées s'étaient joint au défilé pour dénoncer un plan d'économies qu'ils jugent suicidaire. "Sauvons les régions" et "France 3 plus loin de chez vous", clamaient leurs banderoles.
Le gros du reste de la manifestation était composé de militants du Front de gauche --membres du Parti de Gauche ou gauche unitaire. Pendant ce temps une délégation du parti communiste français, conduite par la présidente du groupe CRC au Sénat Eliane Assassi, remettait une lettre de Pierre Laurent (la lettre est reproduite ci-dessous) au nouveau secrétaire national des socialistes, Harlem Désir.
Les manifestants ont défilé en ville dans un quartier proche du Parc des expositions où le congrès socialiste se déroule en présence de nombreux ministres, mais ils n'ont pas tenté de s'en approcher trop près.
Une délégation du PCF conduite par Eliane Assassi, présidente du groupe CRC au Sénat a été reçu par Guillaume Bachelay ce samedi midi au congrès du Parti socialiste. A cette occasion cette lettre de Pierre Laurent lui a été remise pour Harlem Désir, le nouveau premier secrétaire du PS. Une réunion PCF-PS devrait se tenir d'ici une quinzaine de jours.
Cher Harlem,
Retenu à Paris ce week-end pour deux importantes réunions du Parti de la Gauche Européenne que je préside – son conseil des présidents et une réunion exceptionnelle de parlementaires et élus européens, le « Parlacon » – je ne peux répondre à votre invitation au Congrès. Eliane Assassi, présidente du groupe CRC au Sénat et membre de la coordination nationale de notre parti, conduira cette délégation, également composée de Francis Parny et Marie-Pierre Vieu, membres de notre exécutif national, et de Pierre Lacaze, secrétaire départemental de la Haute-Garonne.
Votre congrès se déroule, nous en avons conscience, dans un contexte inédit depuis 10 ans : celui de la victoire de la gauche aux élections du printemps 2012 et celui d'une crise exceptionnelle du capitalisme financier, de la zone euro et de l'Union européenne. Le Parti communiste français et ses partenaires du Front de gauche ont, en rassemblant plus de 4 millions de voix, contribué à tourner la page du sarkozysme en France. Reste pour la gauche à tourner celle de cette crise en France et en Europe.
Le redressement de notre nation et la réorientation profonde de l'Union européenne, par une politique de combat contre le capitalisme financier et pour le monde du travail, pour une société de solidarité et de justice sociale, sont l'urgence pour engager une sortie de la crise. L'austérité et toutes les vieilles recettes patronales de compétitivité basées sur l'écrasement du « coût du travail » sont une impasse. Les derniers chiffres, alarmants, du chômage le confirment s'il en était encore besoin.
C'est ce que nous ont dit les Françaises et les Français en votant pour le changement et la rupture avec les années Sarkozy. Il serait désastreux de les décevoir. Les communistes veulent rendre le changement possible et feront tout ce qui peut-être utile au rassemblement et à l'action pour qu'il advienne.
La droite et le grand patronat, sonnés par la défaite de leur champion, sont vite remontés sur le ring. Ils refusent le verdict issu des urnes et mènent une offensive quotidienne qui vise à maintenir les choix gouvernementaux sous la pression constante des marchés financiers, des grands groupes, de leurs exigences de rentabilité, de la Troïka européenne et des lobbies des plus gros actionnaires.
Il nous paraît possible d'y résister et d'engager la France dans la voie du redressement social et productif, écologique et démocratique en s'appuyant sur la volonté populaire de changement, sur la mobilisation des forces sociales, citoyennes, syndicales et politiques disponibles.
Or, comme tu le sais, nous sommes pour le moment inquiets du cours pris par la politique gouvernementale. La ratification du traité européen sans véritable renégociation, l'austérité budgétaire programmée pour l'Etat, la protection sociale comme pour les collectivités locales, le manque de combativité et de vision alternative face aux licenciements boursiers et aux plans massifs de suppressions d'emplois, l'absence d'ambition pour les services publics, la politique industrielle et énergétique, le renoncement au droit de vote des étrangers... tout cela nous préoccupe au plus haut point.
Notre attitude est claire. Notre combat est en totale opposition à la droite et à l'extrême-droite. Avec le Front de gauche, nous avançons d'autres solutions et voulons convaincre la gauche qu' elles seraient plus efficaces à sortir notre peuple et notre pays de la crise. Nous appuyons tout ce qui va et ira dans le sens du changement voulu par les Français. L'ostracisme à l'égard de nos propositions n'est pas une bonne méthode, il est même un des problèmes de la situation actuelle. C'est dans cet état d'esprit que travaillent notre parti et nos militants, nos élus à tous niveaux, nos parlementaires.
J'espère que nous aurons l'occasion d'en parler de vive voix, ainsi qu'avec nos camarades d'Europe Ecologie Les Verts. Nous souhaitons le débat et la confrontation constructive.
Sois assuré, Cher Harlem, de mes salutations fraternelles.
Pierre Laurent, Secrétaire national du PCF