Ceci n’est pas une tribune politique, ou bien si mais au sens étymologique c’est à dire celle d’un citoyen qui s’occupe de la chose publique (res publica) au sein de la démocratie (démos cratos)…. mais voilà que ce « papier » commence mal car j’utilise des mots grecs et latins en voie de disparition même dans l’Éducation Nationale. C’est un militant culturel qui écrit ce billet d’humeur au moment justement où la culture souffre de restrictions budgétaires. Nous allons rentrer dans l’été, le nombre des festivals qui vont faire défaut est important.
Pourquoi cet « open forum » pour utiliser un barbarisme mi-anglais, mi latin plus dans l’air du temps ? Pour exprimer une colère au moment de la fusion des régions et de la campagne d’autosatisfaction orchestrée par la communication de Languedoc-Roussillon. En effet dans le bulletin n° 39 de la Région L.R (juin 2015) improprement intitulé « l’accent du sud », on célèbre les dix ans de la marque « Sud de France » et les dix ans de « Total Festum ».
Militant culturel j’ai fait partie de ceux qui ont été conviés après l’élection de Georges Frêche à une consultation sur la culture occitane et catalane. Avec d’autres, j’ai joué le jeu de cette « consulta ». Nous avons proposé beaucoup et il en est sorti bien peu… Selon la célèbre recette du pâté d’alouette : un cheval, une alouette (oiseau chanté par les troubadours depuis le Moyen-Age). Même si l’alouette « Total Festum » est belle, elle est bien frêle au côté du cheval que représente tout le reste.
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L’Agence Sud de France Développement, on voit bien que sous ce titre se cache une construction à l’anglo-saxonne du monde des affaires, porte la fameuse marque commerciale « sud de France » qui relève du même procédé de fabrication. Disons-le tout net : l’expression « sud de France » est incorrecte grammaticalement parlant. Rappelons avec « la grammaire méthodique du français » que les noms propres toponymiques autres que ceux des villes sont régulièrement précédés de l’article défini. On devrait donc dire « Sud de la France ».
Il est bon de le rappeler au moment du lancement imminent d’une campagne de « naming » (lire nez Ming !) pour baptiser la future grande région composée des actuelles « Languedoc-Roussillon » et « Midi-Pyrénées ».
Outre le fait que l’on veuille donner un nom commercial on s’apprête à écorcher le français.
Pour argumenter on nous dit : « vu de l’étranger Languedoc ça ne veut rien dire ». C’est vrai que le consortium chinois « Symbiose » est propriétaire pour moitié de l’aéroport de Toulouse Blagnac. C’est aussi vrai qu’ « Atout France » veut attirer cinq millions de touristes chinois en France par an d’ici 2020.
On ne pourrait donc que se définir par rapport à la France et revendiquer notre côté méridional. Oublions qu’il y a cent ans pendant la première guerre mondiale, nos poilus régionaux se faisaient traiter de « sales méridios ».
Pour ne pas déstabiliser nos futurs touristes, je propose la construction d’une réplique de la Tour Eiffel sur la place du Capitole et une autre sur la place de la Comédie !
Personnellement j’habite sur les franges de la région à l’est du Gard. Ce Gard Rhodanien déjà oublié de tous, pourtant grand pôle économique et industriel de la Région. Si l’on célèbre dans les couloirs feutrés de l’hôtel de Région les dix ans de « Sud de France » ici on se souvient de la fermeture d’Arcelor. On n’a pas découvert en Gard Rhodanien Lakshmi Mittal avec la fermeture de Florange ! Aujourd’hui on attend avec inquiétudes la destruction d’Areva…
La question n’est pas de savoir si nous devons basculer en PACA mais comment on structure notre territoire qui appartient autant à l’espace languedocien qu’à l’arc méditerranéen (Gênes, Barcelone, Marseille).
Pour cela trois dossiers sont en souffrance ou à peine balbutiants.
Une tribune de « cultureux » qui se termine par du concret. Nous ne sommes pas seulement des rêveurs et soutenons des projets pour développer notre Région. Qu’elle soit sous l’autorité de Montpellier ou de Toulouse, cela nous importe peu. Mais surtout de grâce cessez de nous abreuver de ce « globish » pour élève d ’H.E.C et plutôt que cette autosatisfaction malvenue répondez à nos attentes.
Les sortants ont encore quelques mois pour se mettre au travail !
Les candidats doivent se positionner !