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13 mai 2008 2 13 /05 /mai /2008 20:24

Dans le triptyque rassemblement – gauche – projet, la conception du rassemblement que nous définirons, est essentielle pour clarifier la nature du projet que nous voulons élaborer.

Cette conception doit être populaire. Elle doit être au cœur des dynamiques à créer pour construire une alternative à gauche, une alternative politique à la droite, une alternative politique au pouvoir de la finance, une alternative au capitalisme, loin des tentatives de recomposition politique au centre.

Pour ce qui les concerne, Nicolas Sarkozy, le gouvernement, la droite pour mettre en œuvre leur projet de régression sociale et sociétale, conçoivent leur fonction à créer en permanence les conditions de s’affranchir de la volonté populaire, tout en s’appuyant sur ses aspirations.

Les dernières élections – sans qu’elles n’effacent les précédentes et les conséquences que nous en tirons -, nous ont ouvert des pistes à travailler et nous apportent une série d’expériences, qui enrichissent celles que nous avons vécues avec des résultats divers, lors de la campagne du référendum sur le TCE en 2005, lors de la bataille politique contre le CPE en 2006, lors de la préparation de la présidentielle en 2006.

 

Le rassemblement majoritaire des citoyennes et des citoyens autour d’un projet est une des données des succès lors des dernières élections municipales, mais dans le même temps l’abstention importante lors de ces échéances confirme la crise profonde de la politique que nous avons identifiée depuis près d’une décennie. Les engagements non tenus, le fossé qui se creuse entre les décideurs (politiques, économiques…), les rapports de domination, d’aliénation, d’exploitation qui existent entre les individus, sont autant d’éléments qui détournent les citoyens de la politique.

 

Les citoyennes et les citoyens envoient pourtant régulièrement des messages qui surprennent les responsables politiques, nous, compris. Lors de la dernière phase électorale, le message de rejet de la droite a été clair et celui adressé à la gauche a été également fort quant à l’exigence à l’égard de la gauche de trouver des solutions.

 

Or, pour le moment le renoncement face aux règles libérales marque certaines formations de gauche réformistes et ne permet pas à la gauche de s’opposer clairement à la politique de Sarkozy. La notion de « gauche » elle-même, ses contours, son avenir, son projet ou l’absence de projet alternatif à celui que met en œuvre la droite, font débat. Le risque de disparition de l’idée de gauche est grand, au-delà de la bataille idéologique martelée par la droite pour faire disparaître le clivage gauche-droite.

 

L’éparpillement de la gauche, dû à des divergences idéologiques, politiques, stratégiques, ses difficultés à favoriser l’engagement citoyen, son incapacité à faire émerger des dynamiques politiques nouvelles, son faible apport aux mouvements sociaux, son tâtonnement à jouer véritablement son rôle d’opposition, la crise de la social-démocratie, l’échec des recompositions, ne permettent pas de donner jour et sens à un nouveau projet politique solidaire et émancipateur pouvant rassembler de nombreuses forces sociales et politiques sur des questions essentielles.

 

Dans ce contexte, si le rassemblement populaire n’est pas un exercice aisé, l’actualité offre de fortes potentialités immédiates de rassemblement et de riposte face à la politique de Sarkozy (salaires, pouvoir d’achat, franchises médicales, école, hôpital, services publics, carte judiciaire, retraite...).

Tel est le défi que les communistes doivent relever en mettant toute leur détermination à construire une majorité populaire transformatrice susceptible de modifier les rapports de forces, pour inventer de nouvelles solidarités et de nouvelles formes de coopération et développer de nouvelles dynamiques sociales et politiques constituant un pôle pouvant devenir crédible pour de larges composantes des milieux populaires.

Mais relever ce défi implique qu’avant de rassembler, il est indispensable de bien redéfinir notre « carte » d’identité : qui sommes-nous ? Que visons-nous ? Que voulons-nous ?

 

Nous versons ainsi une série d’enseignements, de questions pour nourrir la confrontation et la réflexion :

 

1.  Rassembler, dans quel but ?

La droite a un projet de société, Sarkozy parle même de projet de civilisation. Ce projet va à l’encontre des intérêts de la majorité du peuple de notre pays. Il va à l’encontre de coopérations internationales qu’il est nécessaire de bâtir dans l’intérêt des peuples et de la planète. En politique tout est question de rapport de forces. Le rassemblement doit donc se construire autour de contenus, d’un projet, de programmes et des valeurs qui unifient, qui trouvent des alternatives économiques au capitalisme, relient alternatives économiques et démocratie. C’est ce qu’il faut définir avec les femmes et les hommes concernés. Quelles réponses apportons-nous à l’ampleur de la question du projet : Où va l’humanité ? Où va la société ? Où vont les hommes et les femmes ? Nous avons une visée communiste, nous voulons changer la société, nous voulons dépasser le capitalisme. Mais simultanément comment construire avec les hommes et les femmes un projet de transformation sociale, un projet de changement qui a vocation à être majoritaire ? Les dernières élections ont montré un rejet de la droite. Emerge également l’idée que le clivage gauche – droite n’est pas aussi clair et franc que lors d’élections nationales. Sur quelles idées le clivage se fait ? Comment expliquer que dans certaines communes Sarkozy sorte victorieux à la présidentielle et qu’une liste de rassemblement bien identifiée à gauche, avec à sa tête un candidat communiste, face à une liste de droite, remporte l’élection avec un score beaucoup plus important que celui enregistré par la droite, neuf mois plus tôt ?

2.  Une stratégie globale ou des stratégies adaptées en fonction des sujets et des objectifs ?

Le processus conduisant aux succès est en général une démarche de longue haleine. Il faut du temps pour travailler le rassemblement ou des rassemblements. Quelles dispositions prenons-nous d’ores et déjà pour construire la riposte à la politique de la droite, avec les réformes antisociales mises en œuvre (retraite, fiscalité, code du travail…) ? Comment construisons-nous un rassemblement populaire immédiat portant en germe les conditions d’un changement durable ? Devons-nous rechercher une stratégie globale, alors que l’offre politique doit être différente pour être adaptée à une demande précise, concrète, mais variable, suivant les scrutins et les initiatives ? Comment construire un processus de rassemblements solides au quotidien et pas seulement lors d’une élection ou d’une initiative d’action ? Les limites des rassemblements dépendent de la perspective. Nous avons vu que rassembler autour du Non au TCE était différent du rassemblement lors d’élections. Ne devrions-nous pas mieux définir qui nous voulons rassembler en fonction des objectifs ?

3.  Qui rassembler ?

Nous limitons-nous seulement aux « opprimés », alors que nous voulons nous adresser à l’ensemble de la société ? Qu’entendons-nous par « opprimés » ? Ne devrions-nous pas parler de « dominés », ce qui serait plus cohérent avec notre visée de construire un monde sans dominations ? Nous voulons mettre en commun tout ce qui peut apporter aux individus. Pour cela nous cherchons à rassembler les femmes et les hommes qui souffrent de la précarité, du mal vivre, de l’insécurité sociale. Nous cherchons à rassembler avant tout des hommes et des femmes unis par le sort que le système impose, ceux et celles qui ont une volonté commune de mieux vivre ensemble, parce qu’ils l’ont défini et jugé nécessaire, possible, donc atteignable.

Ainsi comment dépasser les discours, les engagements, les résolutions sans mise en œuvre et aider les hommes et les femmes à construire ensemble un projet de société, dans le respect des uns et des autres, les aider à ce qu’ils et elles se donnent les moyens de leur ambition et de leur action ? Quels exemples avons-nous ?

Ne limitons-nous pas trop souvent, ou ne nous pousse-t-on pas sans cesse à penser les rassemblements en terme d’alliances de certaines forces politiques avec une sorte de « schizophrénie » à choisir entre une gauche sociale libérale et une gauche dite radicale ? Parfois des alliances entre organisations sont nécessaires, car unies, elles peuvent donner une impulsion, une invitation à se rassembler. Dans ce cadre quel rôle doivent avoir les forces politiques dans ces alliances ? Comment devons-nous gérer et assumer notre choix et notre volonté de rassembler les hommes et les femmes et de nous allier sans tomber dans un consensus mou, sans esquiver les sujets de fond qui différencient les forces politiques à gauche, en rendant acteurs les citoyennes et les citoyens ?

4.  Rassembler : un objectif, une stratégie, une démarche, une identité

Rassembler, c’est donner un sens politique à l’esprit de résistance, de révolte, c’est construire une ou des majorités pour une autre logique que celle que nous subissons. Pour cela nous cherchons à faire émerger la citoyenneté, la démocratie. Les hommes et les femmes, leur association, leur implication sont la clé du rassemblement. Celles et ceux qui aspirent à un changement de politique, pour vivre mieux. Celles et ceux qui ont à cœur de participer à l’élaboration de choix conformes à leurs intérêts, à l’intérêt général. Encore faut-il bien s’entendre sur la démocratie participative, concept que beaucoup utilisent sans y mettre tous le même sens ? Pourquoi ne pas parler de démarche citoyenne, qui implique de gros efforts d’éducation populaire ? On parle de proximité, mais pour quoi faire ? Comment dialoguons-nous avec le peuple pour comprendre et répondre à ses exigences et ses préoccupations ? Comment sommes-nous partie prenante de la construction d’une alternative à gauche ? Ne cherchons-nous pas à vouloir tout définir, le cadre, le contenu, les valeurs…au point d’être parfois perçus comme cherchant à rassembler autour de nous ? Entre basisme et dirigisme, comment trouver une pratique efficace ? Responsable signifie apporter des réponses, mais comment apportons-nous des réponses sans apparaître comme « l’avant-garde » qui définit tout à la place des citoyennes et des citoyens ? Des communistes partie prenant du processus de construction du rassemblement n’apparaîtraient-ils pas plus efficaces et utiles ? Cette démarche ne pouvant se faire sans nourrir une bataille idéologique intense pour sortir de la résignation, du renoncement, de la fatalité et de l’acceptation de reculs de civilisation, comment faire émerger par l’éducation populaire, une perspective de changement avec notre peuple ?

5.  Les futures échéances européennes et régionales

Au-delà de la riposte que nous tentons d’organiser au quotidien et que nous devons élargir, il nous faut dès à présent réfléchir et confronter nos points de vue sur les prochaines échéances électorales. Quelle sera notre stratégie, avec qui et sur quel contenu ?

Pour les européennes, nous commencerons à réfléchir à notre stratégie, à notre démarche, aux listes au moment où Nicolas Sarkozy assurera la Présidence de l’Union européenne. S’appuyant sur la baisse nette de sa popularité, sur la dangerosité de sa politique en France et pour le rôle de la France dans le monde, une politique qu’il ne manquera pas de transposer au plan européen et fort du référendum de 2005 sur le TCE et de son rejet par une majorité d’électrices et d’électeurs français, n’y a t-il pas à prendre en compte ces différents éléments pour construire un rassemblement citoyen majoritaire pour une Europe démocratique et de progrès social ?

Pour les deux élections, avant de définir notre stratégie, nous devons tirer les enseignements des différentes stratégies que nous avons mises en œuvre lors des précédentes élections en 2004 dans tout le pays et mesurer le rôle joué par les communistes élus depuis.

 

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13 mai 2008 2 13 /05 /mai /2008 20:20

1. L’objet de notre engagement. L'objet de notre organisation.

Hommes et femmes membres du parti communiste, nous nous sommes engagés car nous pensons qu’existent ici et maintenant les moyens pour que chaque individu soit en maîtrise des ressources, des savoirs, des pouvoirs et d’un environnement lui permettant de construire sa vie, de rendre sans cesse meilleure la vie des autres hommes et femmes de notre pays, d'Europe et du monde. Nous nous sommes engagés car nous pensons que tous ces potentiels peuvent être libérés des logiques qui les entravent, comme la société peut l'être de toutes les aliénations, dominations et discriminations qui s'opposent à l'émancipation de la personne humaine.

Avoir une vie sans cesse meilleure, c'est évidemment contribuer à satisfaire les besoins les plus élémentaires et vitaux de chacun et de chacune : l'alimentation, l'eau, l'énergie, un toit, l’accès à la santé, à l'éducation et à la culture…

Avoir une vie sans cesse meilleure, c'est créer les conditions de l'épanouissement de chacune et de chacun ; un épanouissement au travail, par la satisfaction qu'il procure, la reconnaissance sociale qu'il génère, la juste rétribution dont il est l'objet ; un épanouissement dans ses choix de vie personnelle par le respect de ceux-ci.

Avoir une vie sans cesse meilleure c’est la possibilité de vivre ensemble dans la diversité, qui passe par les droits de chacune et chacun dans la cité, dans  la Nation et dans le cours de l'Europe et du monde. C’est assurer les libertés individuelles et collectives, et une pleine égalité et reconnaître les droits civils, sociaux, syndicaux et démocratiques de chaque homme et de chaque femme ; c'est, par le biais de l'organisation de services publics, de la démocratisation de la vie politique, économique et sociale, par la mise à disposition de tous les savoirs, donner à chacun et chacune les pouvoirs de participer à toutes les décisions utiles à leur vie et au développement commun.

Avoir une vie sans cesse meilleure, c'est agir avec la même détermination pour le progrès humain dans le monde : ne laisser personne souffrir de la faim quand la planète est assez riche pour en finir avec ce fléau ; permettre à chaque être humain de vivre comme il rêve ; assurer le développement de l'humanité dans le plein respect de l'environnement ; bâtir un monde solidaire respectueux des droits des peuples et de la personne.

Avoir une vie sans cesse meilleure, c'est refuser toutes les violences, tous les récessions imposés aux êtres humains par le système capitaliste, c’est être de toutes les luttes d’émancipation humaine en remettant en cause jusqu’à les dépasser toutes les formes de domination : l'exploitation au travail et le contrôle de l'économie par la finance comme la domination patriarcales, les violences et les guerres comme les menaces sur l'environnement, c'est en finir avec toutes ces aliénations et discriminations, souvent liées les unes aux autres, et avec tous les mécanismes qui en favorisent la reproduction et l'aggravation.

Ces objectifs, nous les hommes et les femmes qui composons le parti communiste les portons avec d'autant plus d'ambition que nous sommes pleinement conscients des capacités extraordinaires qui sont celles de l'humanité pour l’émancipation personnelle et collective.

Mais nous savons aussi que face aux classes dominantes rien ne bougera sans une forte intervention populaire.

Aussi, nous faisons le choix de nous organiser au plan politique, d'être constructeurs et acteurs d’un parti : le parti communiste français. Pour faire avancer la conscience de notre humanité commune, de l'intérêt commun de millions d'hommes et de femmes à dépasser le capitalisme pour construire d’autres possibles, nous voulons porter notre espérance révolutionnaire. Nous voulons construire un projet pour la France et l'Europe, apte, par de grandes réformes à répondre profondément aux attentes populaires dans les cinq prochaines années.

Nous savons en effet que la démocratie et l’intervention de chacun et chacune est le levier pour y arriver ; nous voulons un parti politique sans esprit hégémonique qui soit en capacité de répondre à cette démarche et à cette ambition en l'incarnant dans son organisation et son fonctionnement.

Nous savons en effet que des rassemblements populaires et politiques dans les luttes et la gestion sont les chemins pour y parvenir ; nous voulons un parti qui soit en capacité par ses initiatives d’y contribuer et ainsi d'impulser toute une dynamique de transformation sociale.

Nous savons en effet qu’il faut sans cesse inventer pour répondre aux enjeux de la planète ; nous voulons un parti qui soit en capacité de faire fructifier toutes les idées. Nous voulons un parti de la jeunesse en pointe de la construction d'un autre avenir !

Toutes ces exigences, elles doivent être portées par les membres du PCF et ceux et celles qui partagent les objectifs ici rappelés pour le transformer et en faire le parti communiste du monde et des aspirations d’aujourd’hui !

Une organisation populaire à l'image du monde du travail, au cœur du quotidien des salariés des villes et des territoires ruraux, au diapason de tous les rêves de la jeunesse et du monde de la culture. Un parti présent et actif depuis les plus petites revendications jusqu'aux plus grandes des luttes sociales et démocratiques ; un parti au cœur des controverses intellectuelles de notre temps ; un parti offensif dans la gestion des collectivités et du pays car partisan de la démocratie participative, un parti actif pour un nouvel internationaliste porteur de coopération et de paix un parti porteur des espérances révolutionnaires d'un monde enfin libéré.

C'est aux transformations à effectuer afin de disposer d'un tel parti qu'aujourd'hui nous voulons travailler, voici les premières réflexions de l’atelier soumises à vos débats et à ceux de la journée du 14 juin.

 

2. Militer dans la France d'aujourd'hui.

L'engagement de chaque homme et de chaque femme au sein de ce parti est affaire de conviction. Il doit, au-delà de sa motivation première, être un pas dans le sens de ses objectifs politiques, en étant une source de bonheur, d'accomplissement personnel et d’avancées pour ceux et celles qui le composent.  Il doit être utile en aidant réellement à faire avancer idées et projet, rassemblements et actions, acquis et progrès dans son entreprise, sa ville comme dans le monde.

L’efficacité de cet engagement est en lien direct avec la place et le rôle de chaque adhérent(e) au sein du parti, aux capacités du collectif à faire progresser chacune et chacun dans sa connaissance du monde, dans sa maîtrise des enjeux   et des actes politiques à accomplir.

La fraternité, la sérénité des débats, la capacité pour chacun et chacune d'investir selon son choix les activités militantes, d’investir des responsabilités pour un temps et surtout de porter ses idées et de pouvoir participer aux choix collectif sont des conditions d’un rayonnement militant, d’une capacité à faire bouger les lignes.

Tout cela, nous le savons, nous avons essayé à plusieurs reprises de le traduire dans nos statuts. Beaucoup de choses ont bougé dans le sens d’une plus grande prise en compte des individus, le débat a évolué aussi mais, nous ne sommes pas arrivés à une pratique alliant rayonnement individuelle et efficacité, visibilité collective, proximité et portée idéologique, diversités et unité de projet et d’action. Comme si nos avancées statutaires se prenaient les pieds dans les réalités des pratiques ou plutôt s’ajoutaient au lieu de mettre en place des réponses neuves.

Si la place et le rôle de chaque communiste dans ses liens avec la société,  dans le travail permanent sur l’analyses des contradictions et l’élaboration des réponses avec les individus est la clé, n’avons-nous pas aussi à tout évaluer et à tout reprendre, de ce qui vient de loin comme du travail accompli récemment et de nos expérimentations ? Notre organisation, nos règles de vie, ne sont elles pas à penser comme si nous avions à construire la grande force de changement nécessaire à la France telle qu'elle est aujourd'hui, avec sa sociologie actuelle, les modes de vie des hommes et femmes de notre époque, la façon dont sont organisés nos villes, nos campagnes et la vie économique dans les entreprises, le niveau des connaissances et de l’information, la construction européenne et la mondialisation...

N’est ce pas une démocratisation inédite du fonctionnement du parti communiste qui doit émerger du prochain Congrès ? Un parti moderne et utile car ancré dans la nécessaire implication des individus ?

Cela pose plusieurs questions : redéfinition des espaces et formes de pouvoirs et d’intervention des adhérent-es, a-t-on par exemple eu raison de différencier lieu d’action et lieu de souveraineté (débats sur AG et cellules) ? N’y a t il pas à rechercher partout l’élaboration commune, la consultation la plus directe possible des communistes ?

Quelle conception de la « proximité » ? Nous avons avant tout une implantation territoriale liée aux repères démocratiques (communes, cantons, circonscriptions…) et de vie dans notre pays. Comment dans ce cadre nous organiser pour gagner en notoriété, faire mieux identifier nos combats, locaux et nationaux, notre différence, nos militants, nos candidats et nos élus, et ainsi se donner les moyens de se renforcer ?

Nos élu-es sont à ce titre source de rayonnement de nos idées, d’innovation dans les luttes et la gestion, ils-elles sont des éléments de résistance, de démonstration qu'une autre politique est possible, ils-elles portent ou créent l’audience nationale de notre parti. Comment alors travailler aux rapports existant entre les élus et le parti, aux rapports pouvant permettre de renforcer les uns et les autres dans le respect de l'autonomie de chacun ?

Cela suffit il ? Nous avons mesuré lors des dernières échéances que cela était essentiel pour l’avenir de notre combat mais, avec la présidentialisation de notre vie politique, nous avons besoin de travailler d’autres facettes de la proximité !

Quelle place à l’initiative de nos élus-es sur les questions nationales et internationales ? Ne faut-il pas donner une visibilité nouvelle à cet engagement ?

Quelle construction d’une proximité liée aux préoccupations ou aux intérêts des individus ? Ne faut-il pas aller beaucoup plus loin dans la structuration de liens par centres d’intérêt, peut on envisager une appartenance au parti par ce chemin pour rayonner au plan national ?

Quelle place dans ce cadre à un effort spécifique d’information et de formation des communistes ?

Enfin quel nouveau processus de construction du Congrès ? Peut-on en rester aux statuts actuels ou faut il se donner tous ensemble un code de « nouvelle conduite »pour celui-ci avant de changer les statuts ?

Mais d’autres questions sont à débattre : celle de la direction nationale, elle est mise en cause, à juste titre, il faut non seulement la renouveler mais aussi repenser ses missions et ses critères de composition de fond en comble. Nous allons en traiter, mais il faut aussi aborder un autre problème, et pas des moindre, celui de l’unité de projet et d’action du parti.

 

3. La démocratie au sein du parti communiste.

Cette question dépasse largement celle du simple « droit à la parole » ou du simple « respect de la différence », cela est acquis au delà des textes qui les ont actés !

Ces textes ont décidé d'en finir avec le « centralisme démocratique »  C'est peut être une réalité : l’expression est libre, chacun-e peut dire ce qu’il veut dans le parti ou dans les médias pour ceux qui y ont accès mais avons-nous construit un réel commun et une réelle liberté individuelle, rien n’est moins sûr !

La diversité est une réalité, nous en avons fait une référence ! Avons-nous pourtant réussi à ce qu'elle soit un atout où chacun-e s'obligerait à chercher à comprendre les divergences pour chercher à construire les meilleures réponses ? Ou est-elle d'abord une source de stérilisation par la création de tendances ; de cacophonie et de trouble dans l'expression publique du PCF, allant jusqu'au rejet des choix démocratiques faits par les adhérent(e)s ?

Avons-nous réellement donné de nouveaux droits aux communistes ou avons-nous permis à des dirigeants de se positionner en leaders d’opinion ?

N’avons-nous pas, marqué-es par notre passé, été indulgents avec le non respect des choix majoritaires des communistes ?

Plus clairement où en sommes-nous réellement d’un fonctionnement sachant combiner démocratie et efficacité de notre organisation ?

Cette interrogation pose évidemment la question de la structure de nos directions et de leur capacité à élaborer, faire élaborer, porter dans l'opinion un travail politique commun.

 

4. Les directions.

Elles doivent être à l’image du projet de société que nous voulons construire, en lien avec notre stratégie de vaste rassemblement. Des directions en prise avec les réalités de terrain et le nécessaire besoin de réflexion théorique. Des directions à l’image du peuple dans toute sa diversité.

La dernière période a en outre donné à voir des carences actuelles de l'organisation de nos directions, de leur difficulté à prendre et mettre en oeuvre les décisions que peuvent imposer le débat politique et la bataille d'idées. Et cette carence se retrouve parfois au niveau des fédérations, mais surtout au niveau des organismes de direction nationaux, à savoir le Conseil national (CN), le Conseil exécutif national (CEN) et l'absence de secrétariat national.

Nous avons besoin d'organiser le travail de nos directions moins autour de débats stratégiques d'ordre général, par trop souvent construits sur des postures pré-établies, que sur le fond de la bataille d'idées existant dans le pays, sur nos difficultés à y poser notre marque et sur les moyens de les résoudre.

Au niveau du CN, cela supposerait de privilégier systématiquement des ordres du jour relatifs à la vie des gens, à la réalité telle qu'elle est, aux manifestations de l'idéologie dominante, et en construisant le débat à partir d'un travail préparatoire des commissions et des secteurs avec toujours à l'esprit la recherche d'un débouché politique en terme d'initiatives, d'intervention des dirigeants communistes, de lancements de campagnes... C'est en ramenant nos interrogations stratégiques et identitaires à leur juste place dans le débat politique que nous serions en capacité de progresser collectivement dans le débat, de gagner en clarté et en lisibilité pour au final faire des choix utiles pour l'action politique.

De la même façon, le CEN devrait être réorganisé en fonction des objectifs politiques qu'on lui assigne, pas en fonction de savants et paralysants dosages de représentations de diverses sensibilités politiques : être un exécutif, c'est-à-dire animer et impulser concrètement la bataille politique des communistes, en endosser la responsabilité propre, organiser notre présence dans le débat public... Il devrait donc être composé en fonction de ses seuls objectifs et de la disponibilité de ses membres à les assumer.

Enfin, parce que le suivi dans la durée de ces décisions politiques a souvent manqué ces dernières années, parce que la fonction de secrétaire national-e est source d'une excessive personnalisation de notre direction, il semble nécessaire de constituer un secrétariat à cet exécutif, dont le nombre réduit de membres, le mode de responsabilité politique (devant le Congrès ou le CN ?) est évidemment en débat.

Toutes ces questions interrogent aussi notre capacité à faire émerger une direction à l'image de notre société et rendent compte des problèmes posés par la disparition de toute politique de cadres et donc de la nécessité de réussir à former de nouvelles générations de cadres et d'élu-e-s issus de milieux populaires, employés et ouvriers, fils ou petits fils d'immigrés, respectueuses de la parité.

Enfin, et aussi dans cet esprit de revitalisation d'une politique de cadres, nous pourrions travailler à, d’une part des espaces d’éducation populaire ouverts à toutes celles et tous ceux qui  s’investissent dans le champ de la transformation sociale (communistes, syndicalistes, militants associatifs, compagnons de route) et d’autre part à des modules de formation pour nos adhérents.


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3 mai 2008 6 03 /05 /mai /2008 16:17

Notre 34è

Notre 34ème congrès va se tenir en décembre 2008.

Sa phase statutaire débutera en septembre 2008 après la fête de l’Humanité.

Mais le débat est d'ores et déjà lancé.

D’abord avec l’Assemblée nationale extraordinaire des 8 et 9 décembre 2007, puis maintenant par une deuxième phase à laquelle, bien sûr, tous les membres du PCF sont invités à participer, mais au-delà tous ceux qui recherchent une voie pour un rassemblement populaire, majoritaire et anticapitaliste.


Ci après en extrait de la réunion du comité national réuni le 30 avril 2008.

 

A cet effet, comme nous l’avions annoncé, les huit ateliers du Conseil national mis en place au lendemain cette l’Assemblée nationale extraordinaire vont rendre publique à la fin du mois d’avril une première note de réflexion pour chacun d’eux.

Ces notes seront disponibles dès le début mai sur le site Internet et dans Info hebdo.  (1)

Elles seront relativement courtes, donc accessibles au plus grand nombre. Ces notes ont pour but de stimuler le débat en précisant les thèmes et le sens du travail que nous avons à conduire d’ici le Congrès. Elles ne sont donc pas des pré-textes, encore moins des textes de Congrès sur lesquels il s’agirait de se positionner.

Ce sont des outils utiles à la conduite de nos débats. Les huit thèmes en question, choisis à l’issue de notre Assemblée nationale extraordinaire, sont tous importants et structurants. Je les rappelle :

Quel bilan politique tirer de nos évolutions et initiatives stratégiques ?

• Quelle est notre analyse de l’état du monde?

• À quelle unité des dominés voulons-nous travailler ?

• Quel nouveau type de développement voulons-nous promouvoir?

• Qu’entendons-nous par communisme aujourd’hui?

• Quel est notre projet politique, quelle conception en avons-nous ?

• Quelle est notre conception du rassemblement?

• Quelles transformations du PCF voulons-nous conduire ?

 

Les notes tentent en quelque sorte de préciser notre cahier des charges, de souligner dans quelle direction il importe d’enrichir notre élaboration politique collective. Elles sont donc un appel au travail et au débat de tous les communistes.

Nous pourrions avoir comme objectif que dans les semaines qui suivent la publication de ces notes, toutes les fédérations et le maximum de sections tiennent une ou plusieurs réunions de travail ou débats. Elles peuvent choisir les thèmes qui motivent le plus les communistes qu’elles rassemblent. (2)

Mais pour simplifier et rassembler les choses, la réflexion pourrait se structurer autour des trois grands thèmes retenus pour les rencontres nationales des 31 mai, les 7 et 14 juin : Quel état du monde ? Quel projet politique ? Quelles transformations du Parti ?

Ces rencontres nationales seront extrêmement importantes, et le Conseil national doit désormais s’engager tout entier dans leur réussite. Il ne s’agit pas de tenir trois débats nationaux, mais bien des rencontres auxquelles toutes les fédérations sont invitées à participer.

• La première de ces rencontres se tiendra à Paris, au siège du Conseil national, le samedi 31 mai. Elle abordera quatre thèmes de discussion avec l’objectif d’approfondir notre analyse de la mondialisation et de nos alternatives : 1) où va le monde ; 2) crise du développement ; 3) évolution politique et pouvoir de la bourgeoisie. Son organisation est coordonnée par Jean-Paul Salon.

• La seconde de ces rencontres se tiendra à

Marseille le samedi 7 juin. Elle abordera successivement trois grands thèmes : 1) L’urgence et la nature du projet politique que nous devons porter, la conception qui doit en être la nôtre. 2) Les grands traits de contenus de ce projet politique. 3) Les moyens politiques, les rassemblements nécessaires à la réussite de ce projet. Son organisation est coordonnée par Jean-François Gau.

• La troisième de ces rencontres nationales se tiendra à Tours le samedi 14 juin. Elle abordera notamment la conception du Parti que nous voulons aujourd’hui, le sens que nous voulons donner au militantisme, la question de la démocratie dans le Parti, celle de la conception des directions. Son organisation est coordonnée par Marie- George Buffet et Richard Sanchez.

La tenue des ces rencontres peut faire événement et constituer une bonne impulsion aux débats de Congrès. Au total, nous pourrions viser quinze cents participants. Les lieux retenus nous permettent de réunir quatre cents participants dans chacune des deux premières et six à sept cents dans la troisième.

Il ne s’agit pas de rencontres décisionnelles.

Elles ne sont pas des étapes de souveraineté dans la préparation du Congrès. Les fédérations n’ont donc pas à élire de délégués représentatifs. Il s’agit de réunions de travail et de réflexion destinées à nourrir le débat de tout le Parti. Ceci dit, nous proposons donc que toutes les fédérations soit représentées dans chacune des trois rencontres afin d’y contribuer mais aussi d’en diffuser le contenu dans leurs fédérations.

Le secteur Vie du Parti vous soumet donc des propositions chiffrées de participants, qui sont modulées en fonction de la proximité ou de l’éloignement géographique.


 

(1)Elles feront aussi l’objet de numéros de notre journal de section « Débats et luttes ».

(2) Des assemblées de communistes décentralisées par cantons, par localités suivant les cas, suivies d'une AG de section seront organisées avant fin mai sur notre section vallée du Rhône. Notre fête de section sera l'occasion d'annoncerles différentes dates et lieux

 

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17 avril 2008 4 17 /04 /avril /2008 14:32
 
Chantre, avec le Sénégalais Léopold Sédar Senghor, du concept de "Négritude", l'auteur du "Cahier d'un retour au pays natal" a consacré sa vie à la poésie et à la politique. Il avait été depuis les années 1930 de tous les combats contre le colonialisme et le racisme.
Aimé Césaire fut, avec le Sénégalais Léopold Sédar Senghor et le Guyanais Léon-Gontran Damas, l'un des chantres du courant de la "Négritude".

Membre du PCF qu'il quitte en 1956, dans une lettre à Maurice Thorez, il dénonce la position du PCF vis-à-vis du stalinisme, de l'intervention soviétique à Budapest et de son positionnement sur la colonisation. Il y dit notamment:"Ce que je veux, c'est que marxisme et communisme soient mis au service des peuples noirs, et non les peuples noirs au au service du marxisme et du communisme. Que la doctrine et le mouvement soient faits pour les hommes, non les hommes  pour la doctrine ou le mouvement"
Aimé Césaire  s'inscrit alors au Parti du regroupement africain et des fédéralistes, puis fonde deux ans plus tard le Parti progressiste martiniquais (PPM), au sein duquel il va revendiquer l'autonomie      de la Martinique. Siégeant a l'Assemblée nationale             comme non inscrit de 1958 à 1978, puis comme socialiste de 1978 à 1993. Césaire restera maire de Fort-de-France jusqu'en 2001.


tout savoir sur Aimé CEZAIRE : link

La lettre à Maurice THOREZ

(que je juge d'actualité dans le cadre de la préparation de notre 34è Congrès. Non par l'aspect de la condamnation du stalinisme que nous avons, certes tardivement faite, mais analysée et faite dans nos précédents congrès mais par bine d'autres aspects ....

Jacques PONGY)

 

MAURICE THOREZ,

Il me serait facile d'articuler tant à l'égal du Parti Communiste Français qu'à l'égard du Communisme International tel qu'il est patronné par l'Union Soviétique, une longue liste de griefs ou de désaccords.
La moisson a été particulièrement riche ces derniers temps et les révélations de Khrouchtchev sur Staline sont telles qu'elles ont plongé, ou du moins, je l'espère, tous ceux qui ont, à quelque degré que ce soit, participé à l'action communiste dans un abîme de stupeur, de douleur et de honte.

Oui, ces morts, ces torturés, ces suppliciés, ni les réhabilitations posthumes, ni les funérailles nationales, ni les discours officiels ne prévaudront contre eux. Ils ne sont pas de ceux dont on conjure le spectre par quelque phrase mécanique.

Désormais leur visage apparaît en filigrane dans la pâte même du système, comme l'obsession de notre échec et de notre humiliation.

Et bien entendu, ce n'est pas l'attitude du Parti Communiste Français, telle qu'elle a été définie en son XIVe Congrès, attitude qui semble avant tout avoir été dictée par le dérisoire souci des dirigeants de ne pas perdre la face, qui aura permis de dissiper le malaise et obtenu que cesse de s'ulcérer et de saigner au plus vif de nos consciences une blessure.
Les faits sont là, massifs.

Je cite pêle-mêle: les précisions données par Khrouchtchev sur les méthodes de Staline; la vraie nature des rapports entre le pouvoir de l'Etat et la classe ouvrière dans trop de démocraties populaires, rapports qui nous font croire à l'existence dans ces pays d'un véritable capitalisme d'Etat exploitant la classe ouvrière de manière pas très différente de la manière dont on en use avec la classe ouvrière dans les pays capitalistes; la conception généralement admise dans les partis communistes de type stalinien des relations entre états et partis frères, témoin le tombereau d'injures déversées pendant cinq ans sur la Yougoslavie coupable d'avoir affirmé sa volonté d'indépendance; le manque de signes positifs indiquant la volonté du Parti Communiste Russe et de l'Etat soviétique d'accorder leur indépendance aux autres partis communistes et aux autres états socialistes; ou alors le manque de hâte des partis non russes et singulièrement du Parti Communiste Français à s'emparer de cette offre et à affirmer leur indépendance à l'égard de la Russie; tout cela nous autorise à dire que - exception faite pour la Yougoslavie - dans de nombreux pays d'Europe, et au nom du Socialisme, des bureaucraties coupées du peuple, des bureaucraties usurpatrices et dont il est maintenant prouvé qu'il n'y a rien à attendre, ont réussi la piteuse merveille de transformer en cauchemar ce que l'humanité a pendant longtemps caressé comme un rêve: le Socialisme.

Quant au Parti Communiste Français, on n'a pas pu ne pas être frappé par sa répugnance à s'engager dans les voies de la déstalinisation ; sa mauvaise volonté à condamner Staline et les méthodes qui l'ont conduit au crime; son inaltérable satisfaction de soi; son refus de renoncer pour sa part et en ce qui le concerne aux méthodes antidémocratiques chères à Staline ; bref par tout cela qui nous autorise à parler d'un stalinisme français qui a la vie plus dure que Staline lui-même et qui, on peut le conjecturer, aurait produit en France les mêmes catastrophiques effets qu'en Russie, si le hasard avait permis qu'en France il s'installât au pouvoir.

Ici comment taire notre déception?

Il est très vrai de dire qu'au lendemain du rapport Khrouchtchev nous avons tressailli d'espérance.

On attendait du Parti Communiste Français une autocritique probe; une désolidarisation d'avec le crime qui le disculpât ; pas un reniement, mais un nouveau et solennel départ; quelque chose comme le Parti Communiste fondé une seconde fois... Au lieu qu'au Havre, nous n'avons vu qu'entêtement dans l'erreur; persévérance dans le mensonge; absurde prétention de ne s'être jamais trompé; bref chez des pontifes plus que jamais pontifiant, une incapacité sénile à se déprendre de soi même pour se hausser au niveau de l'événement et toutes les ruses puériles d'un orgueil sacerdotal aux abois.

Quoi ! Tous les partis communistes bougent. Italie. Pologne. Hongrie. Chine. Et le parti français, au milieu du tourbillon général, se contemple lui-même et se dit satisfait. Jamais je n'ai eu autant conscience d'un tel retard historique affligeant un grand peuple...

Mais, quelque grave que soit ce grief - et à lui seul très suffisant car faillite d'un idéal et illustration pathétique de l'échec de toute une génération - je veux ajouter un certain nombre de considérations se rapportant à ma qualité d'homme de couleur.

Disons d'un mot: qu'à la lumière des événements (et réflexion faite sur les pratiques honteuses de l'antisémitisme qui ont eu cours et continuent encore semble-t-il à avoir cours dans des pays qui se réclament du socialisme), j'ai acquis la conviction que nos voies et celles du communisme tel qu'il est mis en pratique, ne se confondent pas purement et simplement; qu'elles ne peuvent pas se confondre purement et simplement.

Un fait à mes yeux capital est celui-ci : que nous, hommes de couleur, en ce moment précis de l'évolution historique, avons, dans notre conscience, pris possession de tout le champ de notre singularité et que nous sommes prêts à assumer sur tous les plans et dans tous les domaines les responsabilités qui découlent de cette prise de conscience.

Singularité de notre "situation dans le monde" qui ne se confond avec nulle autre.

Singularité de nos problèmes qui ne se ramènent à nul autre problème.

Singularité de notre histoire coupée de terribles avatars qui n'appartiennent qu'à elle.

Singularité de notre culture que nous voulons vivre de manière de plus en plus réelle.

Qu'en résulte-t-il, sinon que nos voies vers l'avenir, je dis toutes nos voies, la voie politique comme la voie culturelle, ne sont pas toutes faites; qu'elles sont à découvrir, et que les soins de cette découverte ne regardent que nous ? C'est assez dire que nous sommes convaincus que nos questions, ou si l'on veut la question coloniale, ne peut pas être traitée comme une partie d'un ensemble plus important, une partie sur laquelle d'autres pourront transiger ou passer tel compromis qu'il leur semblera juste de passer eu égard à une situation générale qu'ils auront seuls à apprécier.

Ici il est clair que je fais allusion au vote du Parti Communiste Français sur l'Algérie, vote par lequel le parti accordait au gouvernement Guy Mollet Lacoste les pleins pouvoirs pour sa politique en Afrique du Nord - éventualité dont nous n'avons aucune garantie qu'elle ne puisse se renouveler. En tout cas, il est constant que notre lutte, la lutte des peuples coloniaux contre le colonialisme, la lutte des peuples de couleur contre le racisme est beaucoup plus complexe - que dis-je, d'une tout autre nature que la lutte de l'ouvrier français contre le capitalisme français et ne saurait en aucune manière, être considérée comme une partie, un fragment de cette lutte.

Je me suis souvent posé la question de savoir si dans des sociétés comme les nôtres, rurales comme elles sont, les sociétés de paysannerie, où la classe ouvrière est infime et où par contre, les classes moyennes ont une importance politique sans rapport avec leur importance numérique réelle, les conditions politiques et sociales permettaient dans le contexte actuel, une action efficace d'organisations communistes agissant isolément (à plus forte raison d'organisations communistes fédérées ou inféodées au parti communiste de la métropole) et si, au lieu de rejeter à priori et au nom d'une idéologie exclusive, des hommes pourtant honnêtes et foncièrement anticolonialistes, il n'y avait pas plutôt lieu de rechercher une forme d'organisation aussi large et souple que possible, une forme d'organisation susceptible de donner élan au plus grand nombre, plutôt qu'à caporaliser un petit nombre. Une forme d'organisation où les marxistes seraient non pas noyés, mais où ils joueraient leur rôle de levain, d'inspirateur, d'orienteur et non celui qu'à présent ils jouent objectivement, de diviseurs des forces populaires.

L'impasse où nous sommes aujourd'hui aux Antilles, malgré nos succès électoraux, me paraît trancher la question: j'opte pour le plus large contre le plus étroit ; pour le mouvement qui nous met au coude à coude avec les autres et contre celui qui nous laisse entre nous ; pour celui qui rassemble les énergies contre celui qui les divise en chapelles, en sectes, en églises ; pour celui qui libère l'énergie créatrice des masses contre celui qui la canalise et finalement la stérilise.

En Europe, l'unité des forces de gauche est à l'ordre du jour; les morceaux disjoints du mouvement progressiste tendent à se ressouder, et nul doute que ce mouvement d'unité deviendrait irrésistible si du côté des partis communistes staliniens, on se décidait à jeter par dessus bord tout l'impedimenta des préjugés, des habitudes et des méthodes hérités de Staline.

Nul doute que dans ce cas, toute raison, mieux, tout prétexte de bouder l'unité serait enlevé à ceux qui dans les autres partis de gauche ne veulent pas de l'unité, et que de ce fait les adversaires de l'unité se trouveraient isolés et réduits à l'impuissance.

Et alors, comment dans notre pays, où le plus souvent, la division est artificielle, venue du dehors, branchée qu'elle est sur les divisions européennes abusivement transplantées dans nos politiques locales, comment ne serions-nous pas décidés à sacrifier tout, je dis tout le secondaire, pour retrouver l'essentiel ; cette unité avec des frères, avec des camarades qui est le rempart de notre force et le gage de notre confiance en l'avenir.

D'ailleurs, ici, c'est la vie elle-même qui tranche. Voyez donc le grand souffle d'unité qui passe sur tous les pays noirs! Voyez comme, çà et là, se remaille le tissu rompu! C'est que l'expérience, une expérience durement acquise, nous a enseigné qu'il n'y a à notre disposition qu'une arme, une seule efficace, une seule non ébréchée: l'arme de l'unité, l'arme du rassemblement anticolonialiste de toutes les volontés, et que le temps de notre dispersion au gré du clivage des partis métropolitains est aussi le temps de notre faiblesse et de nos défaites.

Pour ma part, je crois que les peuples noirs sont riches d'énergie, de passion qu'il ne leur manque ni vigueur, ni imagination mais que ces forces ne peuvent que s'étioler dans des organisations qui ne leur sont pas propres, faites pour eux, faites par eux et adaptées à des fins qu'eux seuls peuvent déterminer.

Ce n'est pas volonté de se battre seul et dédain de toute alliance. C'est volonté de ne pas confondre alliance et subordination. Solidarité et démission. Or c'est là très exactement de quoi nous menacent quelques uns des défauts très apparents que nous constatons chez les membres du Parti Communiste Français: leur assimilationisme invétéré ; leur chauvinisme inconscient ; leur conviction passablement primaire - qu'ils partagent avec les bourgeois européens - de la supériorité omnilatérale de l'Occident ; leur croyance que l'évolution telle qu'elle s'est opérée en Europe est la seule possible ; la seule désirable ; qu'elle est celle par laquelle le monde entier devra passer ; pour tout dire, leur croyance rarement avouée, mais réelle, à la civilisation avec un grand C ; au progrès avec un grand P (témoin leur hostilité à ce qu'ils appellent avec dédain le "relativisme culturel", tous défauts qui bien entendu culminent dans la gent littéraire qui à propos de tout et de rien dogmatise au nom du parti).

Il faut dire en passant que les communistes français ont été à bonne école. Celle de Staline. Et Staline est bel et bien celui qui a réintroduit dans la pensée socialiste, la notion de peuples «avancés» et de peuples «attardés». Et s'il parle du devoir du peuple avancé (en l'espèce les Grands Russes) d'aider les peuples arriérés à rattraper leur retard, je ne sache pas que le paternalisme colonialiste proclame une autre prétention.

Dans le cas de Staline et de ses sectateurs, ce n'est peut-être pas de paternalisme qu'il s'agit. Mais c'est à coup sûr de quelque chose qui lui ressemble à s'y méprendre.

Inventons le mot : c'est du «fraternalisme».

Car il s'agit bel et bien d'un frère, d'un grand frère qui, imbu de sa supériorité et sûr de son expérience, vous prend la main (d'une main hélas! parfois rude) pour vous conduire sur la route où il sait se trouver la Raison et le Progrès.

Or c'est très exactement ce dont nous ne voulons pas. Ce dont nous ne voulons plus.
Nous voulons que nos sociétés s'élèvent à un degré supérieur de développement, mais d'elles-mêmes, par croissance interne, par nécessité intérieure, par progrès organique, sans que rien d’extérieur vienne gauchir cette croissance, ou l'altérer ou la compromettre.
Dans ces conditions on comprend que nous ne puissions donner à personne délégation pour penser pour nous ; délégation pour chercher pour nous; que nous ne puissions désormais accepter que qui que ce soit, fût-ce le meilleur de nos amis, se porte fort pour nous. Si le but de toute politique progressiste est de rendre un jour leur liberté aux peuples colonisés, au moins faut-il que l'action quotidienne des partis progressistes n'entre pas en contradiction avec la fin recherchée et ne détruise pas tous les jours les bases mêmes, les bases organisationnelles comme les bases psychologiques de cette future liberté, lesquelles se ramènent à un seul postulat: le droit à l'initiative.

Je crois en avoir assez dit pour faire comprendre que ce n'est ni le marxisme ni le communisme que je renie, que c'est l'usage que certains ont fait du marxisme et du communisme que je réprouve. Que ce que je veux, c'est que marxisme et communisme soient mis au service des peuples noirs, et non les peuples noirs au service du marxisme et du communisme. Que la doctrine et le mouvement soient faits pour les hommes, non les hommes pour la doctrine ou pour le mouvement. Et bien entendu cela n'est pas valable pour les seuls communistes. Et si j'étais chrétien ou musulman, je dirais la même chose. Qu'aucune doctrine ne vaut que repensée par nous, que repensée pour nous, que convertie à nous. Cela a l'air d'aller de soi. Et pourtant dans les faits cela ne va pas de soi.

Et c'est ici une véritable révolution copernicienne qu'il faut imposer, tant est enracinée en Europe, et dans tous les partis, et dans tous les domaines, de l'extrême droite à l'extrême gauche, l'habitude de faire pour nous, l'habitude de disposer pour nous, l'habitude de penser pour nous, bref l'habitude de nous contester ce droit à l'initiative dont je parlais tout à l'heure et qui est, en définitive, le droit à la personnalité.

C'est sans doute là l'essentiel de l'affaire.

Il existe un communisme chinois. Sans très bien le connaître, j'ai à son égard un préjugé des plus favorables. Et j'attends de lui qu'il ne verse pas dans les monstrueuses erreurs qui ont défiguré le communisme européen. Mais il m'intéresserait aussi et plus encore, de voir éclore et s'épanouir la variété africaine du communisme. Il nous proposerait sans doute des variantes utiles, précieuses, originales et nos vieilles sagesses nuanceraient, j'en suis sûr, ou compléteraient bien des points de la doctrine.

Mais je dis qu'il n'y aura jamais de variante africaine, ou malgache, ou antillaise du communisme, parce que le communisme français trouve plus commode de nous imposer la sienne. Qu'il n'y aura jamais de communisme africain, malgache ou antillais, parce que le Parti Communiste Français pense ses devoirs envers les peuples coloniaux en termes de magistère à exercer, et que l'anticolonialisme même des communistes français porte encore les stigmates de ce colonialisme qu'il combat. Ou encore, ce qui revient au même, qu'il n'y aura pas de communisme propre à chacun des pays coloniaux qui dépendent de la France, tant que les bureaux de la rue Saint- Georges, les bureaux de la section coloniale du Parti Communiste Français, ce parfait pendant du Ministère de la rue Oudinot, persisteront à penser à nos pays comme à terres de missions ou pays sous mandat. Pour revenir à notre propos, l'époque que nous vivons est sous le signe d'un double échec: l'un évident, depuis longtemps, celui du capitalisme. Mais aussi l'autre, celui, effroyable, de ce que pendant trop longtemps nous avons pris pour du socialisme ce qui n'était que du stalinisme. Le résultat est qu'à l'heure actuelle le monde est dans l'impasse.

Cela ne peut signifier qu'une chose: non pas qu'il n'y a pas de route pour en sortir, mais que l'heure est venue d'abandonner toutes les vieilles routes. Celles qui ont mené à l'imposture, à la tyrannie, au crime.

C'est assez dire que pour notre part, nous ne voulons plus nous contenter d'assister à la politique des autres. Au piétinement des autres. Aux combinaisons des autres. Aux rafistolages de consciences ou a la casuistique des autres.

L'heure de nous mêmes a sonné.

Et ce que je viens de dire des nègres n'est pas valable que pour les nègres. Oui tout peut encore être sauvé, tout, même le pseudo socialisme installé çà et là en Europe par Staline, à condition que l'initiative soit rendue aux peuples qui jusqu'ici n'ont fait que la subir ; à condition que le pouvoir descende et s'enracine dans le peuple, et je ne cache pas que la fermentation qui se produit à l'heure actuelle en Pologne, par exemple, me remplit de joie et d'espoir.

Ici que l'on me permette de penser plus particulièrement à mon malheureux pays: la Martinique.

J'y pense pour constater que le Parti Communiste Français est dans l'incapacité absolue de lui offrir une quelconque perspective qui soit autre chose qu'utopique; que le Parti Communiste Français ne s'est jamais soucié de lui en offrir; qu'il n'a jamais pensé à nous qu'en fonction d'une stratégie mondiale au demeurant déroutante.

J'y pense pour constater que le communisme a achevé de lui passer autour du cou le noeud coulant de l'assimilation ; que le communisme a achevé de l'isoler dans le bassin caraïbe ; qu'il a achevé de le plonger dans une manière de ghetto insulaire; qu'il a achevé de le couper des autres pays antillais dont l'expérience pourrait lui être à la fois instructive et fructueuse (car ils ont les mêmes problèmes que nous et leur évolution démocratique est impétueuse) : que le communisme enfin, a achevé de nous couper de l'Afrique Noire dont l'évolution se dessine désormais à contre-sens de la nôtre. Et pourtant cette Afrique Noire, la mère de notre culture et de notre civilisation antillaise, c'est d'elle que j'attends la régénération des Antilles j pas de l'Europe qui ne peut que parfaire notre aliénation, mais de l'Afrique qui seule peut revitaliser, repersonnaliser les Antilles. Je sais bien. On nous offre en échange la solidarité avec le peuple français ; avec le prolétariat français, et à travers le communisme, avec les prolétariats mondiaux. Je ne nie pas ces réalités. Mais je ne veux pas ériger ces solidarités en métaphysique. Il n'y a pas d'alliés de droit divin. Il y a des alliés que nous impose le lieu, le moment et la nature des choses. Et si l'alliance avec le prolétariat français est exclusive, si elle tend à nous faire oublier ou contrarier d'autres alliances nécessaires et naturelles, légitimes et fécondantes, si le communisme saccage nos amitiés les plus vivifiantes, celle qui nous unit à l'Afrique, alors je dis que le communisme nous a rendu un bien mauvais service en nous faisant troquer la Fraternité vivante contre ce qui risque d'apparaître comme la plus froide des abstractions. Je préviens une objection. Provincialisme ? Non pas. Je ne m'enterre pas dans un particularisme étroit. Mais je ne veux pas non plus me perdre dans un universalisme décharné.

Il y a deux manières de se perde : par ségrégation murée dans le particulier ou par dilution dans l' "universel".

Ma conception de l'universel est celle d'un universel riche de tout le particulier, riche de tous les particuliers, approfondissement et coexistence de tous les particuliers. Alors ? Alors il nous faudra avoir la patience de reprendre l'ouvrage, la force de refaire ce qui a été défait ; la force d'inventer au lieu de suivre ; la force « d'inventer » notre route et de la débarrasser des formes toutes faites, des formes pétrifiées qui l'obstruent. En bref, nous considérons désormais comme notre devoir de conjuguer nos efforts à ceux de tous les hommes épris de justice et de vérité pour bâtir des organisations susceptibles d'aider de manière probe et efficace les peuples noirs dans leur lutte pour aujourd'hui et pour demain : lutte pour la justice ; lutte pour la culture ; lutte pour la dignité et la liberté ; des organisations capables en un mot de les préparer dans tous les domaines à assumer de manière autonome les lourdes responsabilités que l'histoire en ce moment même fait peser si lourdement sur leurs épaules.

Dans ces conditions, je vous prie de recevoir ma démission de membre du Parti Communiste Français.

AIME CÉSAIRE.

Paris, le 24 octobre 1956


 
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10 avril 2008 4 10 /04 /avril /2008 17:39
Contribution adressée au blog qui me paraît intéressante comme contribution au débat de notre fête de section.
 



Pour comprendre cet article, il faut garder en tête que, ce que la majorité des gens, et notamment des jeunes, connaissent ou se rappellent de « Mai 68 » aujourd'hui, c'est ce qui leur est donné à voir par les médias, un certain courant de l'historiographie moderne, et évidemment, les hommes politiques.

Autant dire que ce qu'il ne faut pas perdre de vue, c'est que la majorité des gens identifient Mai 68 à une révolte « adolescente », « estudiantine », à un mouvement de « libération sexuelle » et de revendications pacifistes.

A tort, certes, mais c'est la réalité et nous devons la prendre en compte.

Il y a une « gauche » déliquescente, de part en part. Une « gauche » qui se cherche. PS, PCF, LCR, aucun des grands partis politiques « de gauche » n'est aujourd'hui à l'abri du questionnement existentiel, sinon, pour certains, ontologique !

Les mouvements de recomposition à l'œuvre partout en Europe – anticommunisme à l'échelle de l'Union européenne avec les lois de « décommunisation », « union des forces » au sein de partis uniques où le communisme devient une « tendance », un « courant »…- le prouvent : c'est une donnée globale.

Il y a une « gauche » qui a peur de son ombre, une « gauche » honteuse, une « gauche » finalement parodique d'elle-même et très « droitisée ».

Il y a aussi un Président français (et bientôt sans doute un Premier Ministre italien) parodique à outrance, qui agite ses parodies entre différents pôles, au gré de ses humeurs, en fonction de ses besoins, un jour parodie de de Gaulle, le lendemain, parodie de Kennedy (épouse comprise…), plus tard encore, parodie d'homme populaire, ou alors d' « homme moderne ».

Il y a également une parodie de démocratie. Tous les thèmes ,tous les sujets, tous les mécanismes démocratiques sont joués avec bouffonnerie, sans sérieux, jusqu'à la farce. Finalement, dans la parodie de la démocratie, c'est la vraie démocratie qui agonise.

Et puis, il y a que nous sommes en 2008. Que 2008 c'est 1968 + 40…C'est à dire quarante ans après « Mai 68 ». Mais en 1998, nous fêtions déjà les trente ans de « Mai 68 ». En 1988, ses vingt ans…Alors ?

Ce que les médias appellent pudiquement « les mouvements de contestation », les « mouvements sociaux », prennent de l'ampleur, s'amplifient. Portés par des revendications populaires autant que syndicales : enseignants, sans papiers, handicapés, malades, salariés, étudiants… La violence de la répression policière dans certaines manifestations est soigneusement masquée. A dessein.

Mai 68 = Mai 2008

Compte tenu du contexte, compte tenu des circonstances, la promesse est forte, l'espoir est grand et le désir est immense.

Avec avidité, toute une génération , née entre le premier choc pétrolier et la première présidence Chirac, se reprend à rêver que sous les pavés, il y a la plage. Encouragés, soutenus par leurs aînés, plus aguerris ( mais aussi plus méfiants ou aigris), toute cette génération ouvre les yeux sur la cruauté, la barbarie, l'archaïsme et l'absurdité du capitalisme mondialisé et de la société de consommation. Et toute une génération se mobilise. Derrière elle, elle a déjà l'expérience du « Non » de 2005, et de la contestation contre le CPE.

Parmi les nouveaux membres de l'Union Européenne, de grands mouvements de grève éclosent, comme en Roumanie, chez Decia.

Le travail de chaque jour de certains syndicalistes, comme André Fada, Francine Blanche et l'USM CGT à Saint Nazaire, ou encore de Raymond Chauveau et de ses camarades, dans la lutte pour les droits des travailleurs sans papiers, fait le lien entre les révoltes sociales européennes, des peuples les plus exploités par le dumping social institutionnalisé, et la France, contribuant à réveiller une internationale ouvrière que l'on croyait morte.

L'Irak s'enlise dans une guerre qu'on ne voit pas finir, l'Iran pourrait suivre, certains pays vont accroître leur présence militaire en Afghanistan, et, malgré la belle lettre, il y a quelques jours, publiée par Marwan Barghouti du fond de sa prison, malgré le « document des prisonniers », on ne voit pas la fin de la guerre contre les Palestiniens…

Sarkozy, l'homme qui adore qu'on l'aime mais qui se fout éperdument qu'on le déteste, offre, en France, la figure de rêve de celui qu'il faut contester, et qui cristallise toutes nos frustrations, toutes nos exaspérations…

Ajoutons à cela des salaires en baisse, un niveau de vie extrêmement bas, des richesses produites en nombre par les travailleurs, mais accaparées par la finance mondiale au profit de quelques privilégiés, le chômage ici, la précarité, la misère là bas…

Tout semble bel et bien réuni pour céder à la tentation de la parodie.

La parodie de « Mai 68 ».

Les figures « emblématiques » (ou choisies comme telles parle pouvoir en place) de l'époque, se délectent de ce « revival », elles en jouissent, posant sur tous les plateaux, avec des airs de gros matou qui a bouffé le canari. « C'était con, on était fous, mais qu'est ce qu'on s'est poilés » susurrent-ils, éternels agités agitateurs, qui contiennent désormais leur nihilisme derrière un gros cigare et une bonne bedaine…

L'histoire montre qu'il y a deux manières d'appréhender une Révolution, même manquée, comme est supposée l'être celle de « Mai 68 ».

Reprendre le mouvement, le pousser à son terme, aller jusqu'au bout ,dans une dynamique dialectique, à la fois analytique, et active, réflexive et agissante. C'est la figure de Castro, celle de Guevara, celle de Lénine.

Ou abandonner le terrain du combat à la première répression d'envergure, ranger banderoles et fumigènes, panser les plaies, et céder la place, politique, idéologique, sociale, aux forces contre-révolutionnaires, à la nécessaire réaction, évidemment organisée par les forces du Capital. Ce sont les élections législatives des 23 et 30 juin 1968, la « Chambre bleue horizon », qui amorça une génération entière de régressions.

La force centripète du capitalisme joua à plein, et c'est finalement la droite qui, comme le dit très justement Didier Eribon, fera sa « révolution conservatrice », révolution qui dévastera, à pas de velours , le « coeur de la gauche » et enfantera L'Innommable.

La place qu'a occupée, la place que doit occuper, à la fois « l'hypothèse communiste » , (pour reprendre l'expression forgée par Alain Badiou, hypothèse révolutionnaire par essence, mais fragile, et en devenir), la place des partis, des mouvements, communistes ou s'en approchant, cette place vacante à occuper, est au coeur de la tentation parodique.

Tentation qui joue à plein y compris par ricochet, au sein de tous les partis « de gauche », au sein de leurs structures, de leurs idées ,de leurs fonctionnements.

Tous, d'ailleurs, seront « en Congrès » fin 2008. Confrontés à des choix cruciaux, à des questions fondamentales, sinon, fondatrices pour certains. Tous , sans exception, sont à la croisée des chemins et confrontés à cette tentation parodique, y compris parodique de ce qu'à un moment, ils furent capables d'être.

Tous atteints du même mal. A des degrés divers. L'électoralisme, le goût du pouvoir pour le pouvoir, le désir effréné de diriger « les masses », la coupure avec le monde du travail, avec « la vraie vie des vrais gens ». C'est, en tout cas, le sentiment majoritaire qu'ils nous font éprouver.

Et les sentiments, dans de tels moments,cela compte énormément.

Que nous soyons nombreux à être déçus, exaspérés, et pour certains, qui ne peuvent plus boucler le mois, désespérés, par nos conditions de vie actuelles, par le projet de société que nous offre la droite (et que nulle « gauche » ne vient plus sérieusement contester), c'est un fait indéniable. Il faudrait être aveugle et sourd pour ne pas le voir. Des banlieues aux campagnes en passant par les villes, ce gouvernement allume le feu dans la société au delà des plus folles espérances de certains !

Que nous soyons prêts, petit à petit , à nous révolter, voire donc, à tenter de « recopier Mai 68 », face aux énormes provocations de Sarkozy sur le sujet, c'est aussi certain. La marmite bouillonne, le couvercle peut sauter.

Rappelons-nous cependant qu'il y a encore quelques mois ,les grévistes étaient des « preneurs d'otages ». Rappelons nous aussi comme « l'opinion publique » a brusquement basculé contre les étudiants en juin 1968…

Aussi, pour les militants, les élus, les syndicalistes, « à gauche » tout cela se traduit d'ores et déjà par une question, à laquelle il faut inventer , de nouveau, une réponse : « Que faire ? ».

Que faire dans et de ce mouvement qui grandit, que faire d'une éventuelle sinon probable, convergence des luttes ? Que faire de l'éventualité d'un nouveau « Mai 68 » ?

Contrairement à ce que suggèrent (déjà !) certains « dirigeants de gauche » notre rôle ne peut pas être « d'éteindre », « d'interdire » de « paternaliser » ce mouvement, même s'il est plus ou moins voué à l'échec pour le moment (ce qui sera pris sur le pouvoir ne sera plus à prendre et il y a urgence à améliorer les conditions de vie ; donc, il ne faut pas hésiter.)

Notre rôle est de réfléchir, beaucoup, vite, sans tabou et tous ensemble. Notre rôle est aussi d'agir,d'encadrer ,de soutenir. Notre rôle est d'agir sur nos propres structures, par tous moyens. Notre rôle est , toujours, plus que jamais, d'éclairer la route. Pas parce que nous serions meilleurs, mais parce que nous sommes plus engagés, parce que nous sommes plus déterminés, parce que nous avons plus d'expérience.

Le rôle des communistes, tous les communistes, dans ce type de moments, est crucial.

Quelle offre pouvons nous faire pour enrayer la dialectique « révolte/ répression », « libération/réaction » ? Comment nous positionner ?

« Mai 68 » ne s'est pas arrêté en mai 1968. Nous le savons. La séquence a été bien plus longue, presque lente, et le moins qu'on puisse dire au final, c'est qu'elle n'a pas joué en faveur des travailleurs finalement, et ce, en dépit de certaines apparences trompeuses, ponctuelles.

Est-ce un hasard si aujourd'hui, les hérauts les plus médiatiques de « Mai 68 »(les mauvaises langues diront, « choisis par le pouvoir dominant comme futurs collaborateurs dociles »…) ont tourné casaque et abjurés leurs idéaux comme « erreurs de jeunesse », « folies d'un moment », sans regretter, mais sans poursuivre, ni aller au-delà. Est-ce un hasard s'il servent aujourd'hui, sous toutes ses formes , ce qu'ils prétendirent combattre hier ?

Sans une alternative, sans un soutien politique fort et déterminé, aussi déterminé et actif dans les lieux de pouvoir que nous le sommes dans les rues, de la part des partis « de gauche », des syndicats, sans un éveil radical des consciences, « Mai 2008 », si il y a, risque fort d'être non seulement parodique mais aussi criminel. Car « en face » on est prêts et ça ne rigole pas.

Criminel car il tuera le ferment d'espoir « d'un autre monde » qui est en train de renaître, et parce qu'il affermira le pouvoir fascistoïde qui nous dirige.

Mesdames et Messieurs les dirigeants « de gauche », nous sommes là , mais vous devez d'ores et déjà prendre vos responsabilités face à un mouvement qui se dessine. Etre prêts à toute éventualité. L'êtes vous ?

Paradoxalement, ce n'est pas tant « dans la rue » et au strict niveau social que se joue votre responsabilité particulière. Mais au niveau institutionnel.

Vous avez déjà majoritairement raté le moment historique du 4 février 2008, lorsque le Président de la République a éhontément violé la souveraineté du peuple de France, avec des arguments d'une grossièreté inimaginable. Il y eut ,heureusement, des exceptions, nous le savons, nous en souvenons. Mais nous savons que vous avez été encore plus nombreux à voter pour la révision et pour le Traité de Lisbonne au Sénat et à l'Assemblée, après le 4 février 2008, qu'à voter contre ou à vous abstenir le 4 même !

Ne vous endormez pas sur les lauriers des municipales pour faire votre ron-ron, vous pourriez vous réveiller sur un bouquet d'orties.

Ne ratez pas la nouvelle occasion qu'est la révision de la constitution, sobrement appelée « modernisation des institutions », mais en réalité, parachèvement légal du coup d'Etat sarkozyste.

Si vous laissez s'instaurer ce régime purement présidentiel, que vous ne prenez pas le mors aux dents pour fortifier le Parlement (et non le « préserver ») nous sommes foutus pour un bail.

Vous aurez fait le lit du pouvoir personnel et tyrannique.

Il n'y a pas à « négocier » avec ce pouvoir. Il y a à le combattre.

Voyez le mal qu'il nous fait. Petits, noirs, blancs, jeunes, vieux, travailleurs, actifs, chômeurs, ce pouvoir nous vole, nous assassine, nous détruit. Il joue l'argent de nos retraites en Bourse, il supprime les maigres avantages dont disposent les familles nombreuses, il veut nous engraisser aux OGM…

C'est cela votre rôle dans les luttes actuelles ; reprendre du pouvoir réel à la droite, la contester, la mettre en péril jusque dans le Palais Bourbon, occuper les lieux, nous les ouvrir, dénoncer les traîtres au peuple, bref, de faire (re)vivre une idéologie socialiste, de libération, au cœur des institutions gouvernementales. Etre nos dignes représentants, nos mandataires.

C'est cela qui fortifiera les luttes et les revendication sociales, car, affermissant votre liberté et votre pouvoir, vous nous offrirez les moyens de nous battre efficacement dans les autres sphères du pouvoir capitaliste. A vous l'immédiateté politique, à nous l'immédiateté sociale et sociétale.

Alors ensemble, peut être, nous cueillerons les fleurs sans épines d'un printemps qui s'annonce chaud.
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14 mars 2008 5 14 /03 /mars /2008 03:38

 


Huit ateliers déjà au travail:

Après une première assemblée extraordinaire tenue fin 2007, les communistes ont entamé leur réflexion autour de huit thèmes de travail :

  • le bilan de la période politique écoulée ;

  • l’analyse de la mondialisation ;

  • la réflexion sur un nouveau type de développement ;

  • l’enjeu d’une nouvelle unité des dominés ;

  • la conception d’un nouveau projet ;

  • celle de nouveaux rassemblements ;

  • l’avenir du communisme ;

  • la conception du Parti et de son fonctionnement. 

     

Ces ateliers verseront en avril de premiers textes de réflexion au débat, qui pourra alors s’amplifier sous toutes les formes possibles, débats publics, auditions de travail, journées d’études.

 Trois grandes rencontres nationales, une université d’été, une rencontre internationale à l’automne

Une première synthèse nationale de cette réflexion collective pourrait se tenir au cours de trois rencontres nationales le 31 mai à Paris, le 7 juin à Marseille et le 14 juin à Tours. Chacune de ces initiatives réunirait plusieurs centaines de participants.

Les thèmes de ces rencontres seraient les suivants :

- Quelles évolutions, quelles réalités du monde et de la société à l’époque de la mondialisation capitaliste ? Les transformations du capitalisme contemporain, la nature des contradictions de notre époque, quelle unité des dominés ?
- Quel nouveau projet de changement ? Quel projet politique transformateur pour la planète, l’Europe, la société. Quels nouveaux rassemblements ?
- Quelles transformations du PCF ? Quelle force ; pour quoi faire ; quel fonctionnement

Nous tiendrons également une université d’été fin août. Université à vocation éducative, elle permettrait l’appropriation, l’approfondissement et le débat par un grand nombre de militants de toutes ces analyses et de leurs enjeux.

L’université d’été du Parti de la gauche européenne (PGE) se tiendra du 9 au 14 juillet à Paris.

Enfin, nous tiendrons en novembre une rencontre internationale, qui réunirait à notre invitation toute une série de forces et de personnalités venues du monde entier.

La mise en oeuvre de tout ce travail nous permettrait d’aborder à l’automne la phase proprement statutaire de nos débats de congrès qui pourrait être lancée au lendemain de la Fête de l’Humanité.

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